EDITO RDC Juin 2019

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RDC : avis de tempête

Après plusieurs reports et de nombreux rebondissements, le processus électoral initié en 2016 a finalement abouti, en évitant un chaos longtemps redouté, à l’investiture le 24 janvier dernier de Félix Tshisekedi comme Président de la République Démocratique du Congo, succédant ainsi à Joseph Kabila qui conserve toutefois, via sa plateforme du Front Commun pour le Congo (FCC), une très large majorité à l’Assemblée Nationale et au Sénat.

Le nouveau Président a nommé les membres de son cabinet début mars mais les négociations demeurent très difficiles autour de la répartition des postes au sein du futur gouvernement. 

En attendant, le pays est géré par une équipe restreinte de ministres en charge des affaires courantes qui n’est plus en mesure d’exercer un contrôle suffisant sur les agissements de son administration. De plus, l’absence d’interlocuteurs pour de nouveaux projets constitue un obstacle à tout nouvel investissement.

Dans le même temps, la situation des finances publiques demeure préoccupante et fragile, avec un déficit budgétaire estimé à 151 millions $US pour le premier trimestre 2019 et des réserves de change qui ne représentent qu’un peu plus de l’équivalent de 3 semaines d’importations (901 millions $US à fin avril).

Une politique de dépenses non maîtrisées avec les ressources financières limitées dont dispose la RDC pourrait avoir de désastreuses conséquences, auxquelles le pays a déjà été confronté.

NTIC : une formidable opportunité pour la RDC 

L’Afrique, qui concentre la population la plus jeune de la planète, compte 200 millions d’habitants âgés entre 15 et 24 ans. Chaque année, ce sont près de 12 millions de jeunes africains qui entrent sur le marché du travail.

La République Démocratique du Congo, à elle seule, compte 89 millions d’habitants dont 65 % ont moins de 25 ans.

Dans ce contexte et plus que jamais, il est essentiel que cette jeunesse soit en mesure de créer ses emplois plutôt que de les chercher.

Pour cela, après avoir été exclue des 3 premières révolutions industrielles, l’Afrique doit se doter des outils nécessaires pour être un acteur à part entière de la 4ème révolution, numérique cette fois, qui va participer à l’ubérisation inexorable de tous les secteurs de l’industrie et des services.

De nombreux pays d’Afrique se sont engagés dans cette course contre la montre et, pour la première fois en RDC, un poste de Conseiller Spécial pour le numérique a été créé au sein du cabinet du Président Félix Tshisekedi.

Partout en Afrique, de jeunes entrepreneurs africains sont à l’initiative de start up sur des plateformes numériques dans les secteurs prioritaires de l’éducation, des soins de santé, des services financiers, de l’agriculture, du commerce de détail. 

Le continent regroupe ainsi plus de 300 pôles technologiques et 60 accélérateurs spécialisés dans les start up. La RDC ne peut pas se permettre, compte tenu du potentiel créatif et entrepreneurial de sa jeunesse, de se laisser distancer par ses voisins dans ce domaine.


JEAN-PHILIPPE WAERSCOOT
Réprésentant permanent
de la CBL-ACP en R.D.C
CEO TEXAF