CONSTRUCTION D’UNE USINE DE PLA EN AFRIQUE

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La Chambre a été approchée par un groupe d’investisseurs qui souhaitent construire en Afrique une usine de production d’un « plastique » 100 % biodégradable et recyclable.

La Chambre interviendrait, dans la mesure de ses compétences, pour aider ces investisseurs à trouver un terrain et favoriser l’implantation de cette usine.

Projet important puisque l’on parle d’un investissement de plus de 300 millions d’euros.

La présente note est rédigée pour que vous puissiez apprécier l’enjeu de ce qui est en train de se faire : remplacer dans le monde le plastique pétrole par un plastique complètement écologique.

Et la Chambre sera, en quelque sorte, de la partie.

1) Le monde du « Plastique » : 300 millions de tonnes contre 250.000 TONNES

Le marché du « Plastique » représente une production annuelle de quelque 300 millions de tonnes. Il se subdivise en :

  • « Pétro-Plastique » : il représente 99 % de la production mondiale ; il est réalisé  à base de pétrole et dégage un surplus de CO² non absorbable par l’écosystème.
  • « Bioplastique » : Il n’utilise pas de pétrole et est fait à base de biomasse comme le blé, le sucre, le maïs, le manioc, l’eucalyptus ou la pomme de terre.

Une dizaine de produits ont vu le jour mais la plupart sont soit inexploitables soit encore au stade du laboratoire.

Le seul qui est actuellement commercialisé au niveau industriel est le PLA (Poly Lactic Acid).
Il existe 3 usines dans le monde, une aux USA, en Thaïlande et en Chine.

Le total de la production annuelle est de 250.000 tonnes mais connaît une progression exponentielle.

C’est évidemment l’avenir à court terme même si les géants pétroliers voudraient que cette évolution ne se fasse pas trop rapidement.

2) Qu’est-ce que le PLA ?

Le PLA (ou acide polylactique) est un polymère d’origine bio et biodégradable en compostage industriel.

Il résulte de la fermentation des sucres ou de l’amidon sous l’effet de bactéries synthétisant l’acide lactique qui est ensuite polymérisé. Il n’utilise dès lors aucune matière fossile.

Il se présente sous forme de « pellets » translucides et ressemble à s’y méprendre aux pellets de pétro-plastique.

Sa transformation en film, en textile ou en objets ne s’écarte pratiquement pas de celle qui est utilisée pour le plastique traditionnel.

Le PLA peut remplacer le plastique dans toutes ses applications.

Le PLA mis au point nécessite comme matière première du sucre (ou plus particulièrement du « jus vert » obtenu après broyage de la canne à sucre mais avant son traitement par une sucrerie). Ce jus sera alors fermenté pour donner de l’acide lactique qui sera ensuite polymérisé.

Regardez le film qui suit et vous comprendrez tout l’intérêt du PLA. Il s’agit ici de textile (le tapis du Festival de Cannes) mais le procédé est identique pour toutes matières.

https://www.youtube.com/watch?v=dJEUf_mINxY

3) L’usine de fabrication de PLA – quelques chiffres

L’usine type comprend une unité de fabrication d’acide lactique et une unité de fabrication de PLA. Elle est prévue pour produire
75.000 tonnes de PLA chaque année.

Cela nécessite 100.000 tonnes de « jus vert » soit le broyage d’un million de tonnes de cannes à sucre ce qui équivaut à l’exploitation d’un champ de cannes à sucre de … 100 km².

Le prix public de vente d’un kilo de PLA est actuellement de plus de 4 € (contre la moitié pour le plastique pétro) et 3 € pour le prix brut.

Le chiffre d’affaires annuel qui serait ainsi dégagé par une usine de fabrication de PLA s’élèverait de 225 millions d’euros.

4) Pourquoi l’Afrique ?

Pour info il n’existe aucune usine de PLA en Europe et en Afrique.

La plupart des pays d’Afrique, sub-saharienne s’entend, peuvent « offrir » 100km² de terrain pour y faire pousser de la canne à sucre.

Pour des raisons d’économie, les terrains doivent jouxter l’usine qui elle-même doit se situer près d’un port en eau profonde (ou au bord du fleuve qui y mène).

Le coût de la main d’œuvre et de l’énergie est modéré ; la bagasse servirait d’énergie première pour faire fonctionner l’usine et le moulin.

Reste les impondérables et c’est la raison d’être de notre Chambre : y pourvoir.

 

Pierre Beretzé