La promesse de l’électricité pour tous : un marché ouvert au privé

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L’accès pour tous à l’électricité avait été promis par Joseph Kabila en 2006, puis en 2011. Il figurait même parmi ses cinq priorités. Le pays compte pourtant encore un taux d’électrification parmi le plus faible au monde. Or, le secteur de l’énergie joue un rôle essentiel pour l’évolution économique de la RDC (et pour l’amélioration des conditions de vie de la population). Quel est l’état actuel de ce gigantesque chantier ?

37 % du potentiel africain total

Le potentiel hydroélectrique de la RDC serait équivalent à 37 % du potentiel africain et à 6 % du potentiel mondial. En plus du fleuve Congo et des innombrables autres cours d’eau, la RDC peut aussi compter sur le solaire, la biomasse, le biogaz et l’éolien, qui sont toutes des sources d’énergie disponibles en abondance. 

Mais c’est surtout avec l’hydroélectricité que la RDC se démarque. Le plus grand gisement d’énergie hydraulique au monde n’est autre que le barrage d’Inga, dans la province du Bas-Congo. À lui seul, il concentre 44 000 MW des 100 000 MW de puissance exploitable en RDC.

Rien ne manque, et pourtant, le taux d’électrification reste sous les 10 % et les entreprises souffrent toujours de coupures imprévisibles.

La pénurie d’électricité liée à manque d’investisseurs ?

La vétusté des installations, qui datent de l’époque coloniale, explique en partie ce retard. Le manque d’investisseurs en serait l’autre raison. La RDC n’a en effet pas les finances pour investir massivement dans ses infrastructures.

Pour attirer les investisseurs à développer de nouvelles centrales, le pays a donc mis sur pied un Code des Investissements (2002), un Code d’Électricité (2009) et une loi qui institue la libéralisation du secteur énergétique (2014). Cette dernière devait donner le déclic à l’entrée des investisseurs privés sur le marché. 

Tout mis bout à bout, nous pouvons retenir qu’un site hydroélectrique ou géothermal est déclaré d’office d’utilité publique et qu’un investisseur privé peut être pleinement propriétaire d’ouvrages de production d’électricité. Dans le cadre de la promotion des énergies renouvelables, les opérateurs bénéficient également d’exonérations sur les droits, taxes et redevances liés à la phase d’investissement. 

1, 2 et peut-être 3 mégabarrages « Inga » 

Il est impossible d’écrire sur l’électricité congolaise sans évoquer les barrages Inga. Ce site concentre à lui seul près de la moitié de la capacité hydroélectrique du pays. 

Aujourd’hui, les deux premiers barrages (Inga 1 et Inga 2) développent une capacité de production de 1 770 MW (production réelle : 1000 MW). Le projet controversé du nouveau barrage Inga 3 pourrait porter ce chiffre à plus de 10 000 MW. Or, ce chantier, qui faisait partie des projets prioritaires de Kabila, a été confronté à tous les déboires : les luttes écologistes, les débats sur la réhabilitation des 2 autres barrages et enfin la défection des partenaires financiers.

Suite à toutes ces difficultés, les énergies renouvelables et les projets de plus petite taille ont piqué la curiosité du gouvernement et de ses partenaires. 

Plus de certitude sur les petits et moyens projets

Jusqu’en 2014, le gouvernement connaissait 217 sites hydroélectriques. Depuis, le Programme des Nations Unies en RDC a permis de sélectionner 780 sites dans un Atlas des énergies renouvelables. Cet Atlas propose des sites hydroélectriques et éoliens à travers tout le pays, y compris dans les zones les plus reculées. 

L’atlas est disponible en téléchargement à cette adresse : www.bit.ly/2EyKUwo

La RDC considère également d’autres alternatives, telles que le solaire ou les biocarburants. Depuis la nouvelle loi de 2014, le secteur est en tous les cas ouvert aux producteurs d’énergies indépendants et davantage tourné énergies renouvelables. Cette loi devrait permettre davantage de partenariats public-privé, ce qui changera la donne. Le gouvernement et les provinces doivent maintenant trouver des partenaires pour démarrer tous ces projets. Le FMI a tant rappelé à la RDC le besoin de diversifier son économie (voir article précédent) et de lui donner une indépendance par rapport aux exploitations minières, que l’énergie pourrait constituer sa nouvelle source de développement économique… et peut-être de salut contre la pauvreté.