République Démocratique du Congo

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Nous avons suivi avec attention l’évolution de la RDC depuis les dernières élections de décembre 2018. Un nouveau Gouvernement est à pied d’œuvre depuis avril dernier, avec 80 % de nouvelles figures.
Et une moyenne d’âge de 47 ans.
Il faut maintenant transformer l’essai en démontrant que la compétence, la rigueur dans la gestion débouchent sans tarder sur de réelles améliorations en matière de Gouvernance, pour le plus grand profit d’une population qui a trop longtemps été laissée pour compte. 

Avec notre représentant en RDC, Monsieur Jean-Philippe Waterschoot, nous maintenons le contact avec les nouvelles équipes, pour préparer de prochaines rencontres et nous mettre à l’écoute des priorités qui sont en train d’être définies. Un projet de Convention bilatérale de Protection des Investissements entre la Belgique et la RDC est en bonne voie d’être ratifié, ce sera un signal important pour les partenaires investisseurs belges. La volonté de laisser aux Provinces une plus grande autonomie dans la définition de leurs priorités est certainement un signal positif. A condition que les moyens suivent. Avec l’espoir de voir le trouble-fête COVID rapidement perdre son agressivité et assister à une relative normalisation d’ici la rentrée de septembre. 

Thierry Claeys Bouuaert
Head of Section DRC
tcb@live.be

Perspectives économiques

La République Démocratique du Congo est le plus grand pays d’Afrique subsaharienne, mais il est surtout le pays africain avec le plus grand potentiel hydroélectrique et c’est l’un de plus importants producteurs d’étain, de cuivre et de cobalt au monde. Les prix favorables des matières premières ont facilité une croissance économique robuste de 2001 à 2014, mais l’absence de volonté politique, la faiblesse des institutions et la persistance des conflits dans certaines régions ont continué à miner la résilience.

La RDC a atteint une croissance économique de 4.4 % en 2019, principalement soutenue par les exportations de cobalt et de cuivre. L’agriculture représente 21 % du PIB, l’extraction minière et pétrolière 33 % et les services 47 %. Cependant, le pays a connu en 2020 sa première récession en 18 ans à cause du COVID-19 avec une croissance à 0.8 %.
La contribution des activités non extractives du pays s’est effondrée de 4.1 % en 2019 à -1.9 % en 2020. L’industrie minière a elle progressé de 6.9 % en 2020 (contre 1 % en 2019) grâce à la demande chinoise. Malgré cela, le déficit des comptes courants est passé de 3.8 % du PIB en 2019 à 5.4 % en 2020. Il n’a été que partiellement financé par des entrées de capitaux, ce qui a entraîné une baisse des réserves de change. Le déficit public a faiblement augmenté de 0.8 % à 1.9 % du PIB. L’inflation est passée de 4.5 % en 2019 à 13 % en 2020 et le franc congolais s’est déprécié de 12.4 % par rapport au dollar américain entre 2019 et 2020.

Le PIB devrait croître à nouveau de 3.3 % en 2021 et de 4.5 % en 2022, essentiellement grâce à la hausse des prix des principaux produits miniers et à la reprise de la consommation et de l’investissement.
La balance courante devrait cependant rester structurellement déficitaire (4.0 % du PIB) sur 2021-2022. 

La faiblesse du secteur manufacturier, la porosité des frontières et la faiblesse des liens entre les régions, ont fait de la RDC une économie basée sur les importations. Les biens de consommation et les denrées alimentaires à bas prix introduits en contrebande en RDC depuis l’Angola et la Zambie ont réduit la production locale et entraîné une fuite des capitaux à grande échelle.

Il existe trois grands pôles économiques disposant de bases commerciales ou industrielles importantes dans le pays. Kinshasa, la capitale, est un centre économique dynamique où la plupart des entreprises étrangères opèrent. Les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba forment le pôle économique du sud. Lubumbashi, la deuxième ville de la RDC, est située à proximité de l’un des plus grands gisements de cuivre du monde. Aujourd’hui, la région abrite de nombreuses mines nationales et internationales. La zone d’activité économique, de Bukavu et Goma à la frontière rwandaise, à la ville portuaire fluviale de Kisangani à l’ouest, en passant par les mines d’or du Bas-Uele et de l’Ituri, constitue le troisième pôle économique du pays. La région est confrontée à une instabilité chronique à cause d’un conflit entre diverses factions armées qui se battent entre elles et contre le gouvernement de la RDC. Malgré des conditions difficiles, la région abrite un certain nombre de mines industrielles et artisanales extrayant du cobalt, de l’or et des diamants, ainsi qu’un riche secteur agricole présentant un fort potentiel d’exportation.

L’accession de Félix Tshisekedi à la présidence en janvier 2019 a représenté la première transition pacifique du pouvoir dans l’histoire du pays. Avec l’appui retrouvé auprès du Parlement, le président Tshisekedi a nommé un nouveau Premier Ministre et remanié la coalition gouvernementale. Il a maintenant les coudées franches pour mener sa politique de redressement du pays et répondre aux attentes de la population. 

La RDC à l’international

La RDC est membre de l’Union africaine, de la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA), du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA) et de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL). La RDC a signé, mais pas encore ratifié, l’Accord de libre-échange continental africain.

Investissements étrangers

Dotée de ressources naturelles exceptionnelles, d’importantes terres arables et d’une immense biodiversité, la RDC a tout pour devenir un pays riche, mais c’est sans compter sur un climat des affaires complexe, un grave manque d’infrastructure et un taux de pauvreté très élevé.

Selon le rapport 2020 de la CNUCED, les IDE en RDC s’élevaient à 1.6 milliard USD en 2019 (-0.1 milliard USD par rapport à 2018), principalement dans le secteur minier et des télécommunications. Les principaux investisseurs sont l’Afrique du Sud, la Belgique et la Chine. 

La RDC est classée 183e (sur 190) au classement Doing Business, 170e (sur 180) à l’indice de perception de la corruption et 175e (sur 189) à l’indice de développement humain. 

Les obstacles à l’entrée sur le marché peuvent devenir importants en RDC. L’absence d’électricité et d’eau oblige souvent les entreprises à assurer leur propre approvisionnement. Le dédouanement de produits importés est souvent long et compliqué. Les entreprises font appel à un agent local qui peut faciliter le processus. En outre, le système fiscal est compliqué et son application souvent arbitraire. Il est fortement conseillé de travailler avec un homologue local qui peut s’occuper de ce processus. La corruption et la bureaucratie constituent un frein constant à l’activité commerciale. Les lois sont appliquées de manière incohérente et le processus judiciaire est lent. C’est pourquoi les entreprises ont souvent besoin d’un conseiller juridique local.

La Belgique et la RDC

En 2020, la RDC était le 61e client et le 88e fournisseur de la Belgique. Il importait principalement des produits chimiques (28.8 %), des machines et équipements (17.1 %), et des produits minéraux (11.4 %) de la Belgique et exportait des pierres précieuses (62.9 %), des denrées alimentaires (15.4 %) et des métaux communs (12.0 %) vers la Belgique. La balance commerciale penchait en faveur de la Belgique pour 274.4 millions €.

Secteurs porteurs

  • TIC
  • Agriculture et industrie agroalimentaire
  • Energie
  • Infrastructure et construction
  • Industrie pétro-gazière
  • Industrie minière
  • Equipements médicaux

Secteurs d’intérêt

Industrie minière

La RDC dispose d’immenses réserves encore inexploitées d’or, de cobalt et de cuivre à haute teneur. La production nationale de cobalt représentait 70 % de la production mondiale en 2019. Le cuivre de certaines mines est d’une qualité nettement supérieure à la moyenne mondiale. 

En 2018, un nouveau code minier a remplacé le code minier de 2002, qui était particulièrement favorable aux entreprises minières.
Ce nouveau code augmente les impôts sur les bénéfices, double la participation du gouvernement dans les nouveaux projets miniers (de 5 % à 10 %), augmente les taux de redevance pour les minéraux stratégiques (jusqu’à 10 %) et ouvre la voie à l’annulation des clauses de stabilisation de 10 ans, désormais limitée à 5 ans. Il comprend plusieurs dispositions relatives à la traçabilité des revenus et à la transparence du secteur. Il a introduit des amendes élevées pour les entreprises qui ne respectent pas ces dispositions.

Malgré les risques et l’environnement des affaires complexe de la RDC, l’environnement particulièrement lucratif du secteur minier reste très intéressant pour les entreprises ayant une grande tolérance au risque et l’habitude d’opérer dans des environnement fragiles et difficiles.

Les principaux sous-secteurs porteurs sont :

  • Extraction de cuivre et de nickel
  • Extraction d’or
  • Extraction de cobalt
  • Location et financement d’équipements miniers
  • Implantation d’entités de traitement et de transformation des produits miniers

Agriculture

La RDC compte assez de terres arables et un potentiel d’irrigation impressionnant pour devenir une puissance agricole mondiale. Etonnamment, alors que le secteur représente près de 60 % des emplois, il ne parvient pas à assurer la sécurité alimentaire du pays. Le gouvernement a annoncé que l’agriculture est une priorité, et pourtant le secteur n’a jamais reçu plus de 2 % du budget national (dont 80 % servent à payer les salaires des fonctionnaires).

Les principales cultures commerciales sont le café, l’huile de palme, le caoutchouc, le coton, le sucre, le thé et le cacao. Les cultures vivrières comprennent également le manioc, les plantains, le maïs, les arachides et le riz.
La production agricole commerciale reste limitée, la plupart des producteurs pratiquant une agriculture vivrière de subsistance. 

Il existe des opportunités d’investissement dans le secteur agricole allant de la production à la commercialisation, afin de créer une chaîne de valeur compétitive au niveau de la sous-région.

Construction et infrastructures

La RDC a besoin de nouvelles infrastructures dans presque toutes les facettes de la vie publique et privée, raison pour laquelle les banques internationales de développement sont les principaux bailleurs de fonds des infrastructures. Sa position centrale en Afrique est sous-exploitée à cause du manque d’infrastructure permettant l’interconnexion avec ses divers voisins. 

Les entreprises étrangères dominent le secteur de la construction, et les entreprises chinoises représentent plus de la moitié de tous les projets de travaux publics, et une part importante des projets de construction privés. Les entreprises de construction européennes sont également des acteurs majeurs de l’industrie de la construction en RDC.

De nombreuses possibilités de projets d’infrastructures et de construction s’offrent aux investisseurs, le plus souvent sous forme de partenariats public-privé. Il faut cependant faire face à la concurrence féroce des entreprises chinoises.

Energie

La RDC dispose d’un potentiel énergétique immense et varié, composé de ressources non renouvelables (pétrole, gaz naturel et uranium), ainsi que de sources d’énergie renouvelables (hydroélectricité, biomasse, solaire et géothermie). L’énergie hydroélectrique représente la quasi-totalité de la production nationale d’électricité, dont la majeure partie est produite par les barrages d’Inga I et d’Inga II situés dans la province Kongo Central. L’installation ne produit qu’une fraction de la puissance prévue en raison de décennies d’entretien différé et de négligence.

La RDC figure parmi les pays ayant le plus faible taux d’électrification avec moins de 10 % de la population connectée (35 % en zone urbaine et moins de 1 % en zone rurale). La plupart des projets de production d’électricité sont dirigés et financés par des sociétés minières qui cherchent à alimenter leurs installations. Le manque d’accès à des services électriques modernes compromet la santé, l’éducation et les possibilités de revenus de la population congolaise. 

Le gouvernement du 1er Ministre Sama Lukonde cherche à augmenter le nombre de connexions électriques en faisant appel à des fonds de développement et en imposant aux compagnies d’électricité de fournir du courant à la population en plus des compagnies minières.

L’approvisionnement et la fourniture d’énergie, la construction de lignes de transmission ou la vente d’équipements spécialisés offrent de nombreuses possibilités d’investissements pour les entreprises étrangères.
Il existe également un besoin énorme de solutions électriques hors réseau. Outre l’énergie hydroélectrique, plusieurs stations géothermiques à travers le pays ont besoin d’être réhabilitées. 

Sources :

Agence Belge pour le Commerce Extérieur
Banque Africaine de développement
Banque Mondiale
BusinessFrance
CNUCED
International Trade Administration

Nicolas Stenger
Rédacteur