L’agriculture comme moteur d’une nouvelle économie congolaise ?

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Érigée en priorité absolue depuis des décennies par le gouvernement et pleine de potentialités, l’agriculture congolaise n’en finit pourtant pas de stagner. Au cœur de la 2ème édition du Forum Vox Éco cet été, la question agricole est remise sur la table. L’ouverture du secteur à la contribution privée fait son chemin.

Seuls 4% des terrains sont exploités

10 millions d’hectares de terres fertiles à cheval sur l’Équateur, l’une des meilleures pluviométries du continent, et pourtant le Congo est confronté à de sérieux déficits alimentaires. Cela se traduit par une importation massive de denrées : 200 milliards de francs CFA en moyenne chaque année. La clé de ce paradoxe est que seulement 4 à 10% des terres cultivables sont effectivement exploitées.

Naturellement, l’exode rural et la prépondérance des petites exploitations traditionnelles y sont aussi pour quelque chose. Mais surtout, après les échecs répétés des différentes politiques publiques agricoles, il s’agit de trouver des sources de financements alternatifs pour renverser la vapeur.

Investir dans l’agriculture : les pistes du Forum Vox Éco

Réunis à Brazzaville le 2 juillet dernier pour la 2ème édition du Forum Vox Éco sur le thème « Bâtir une nouvelle économie sur l’agriculture », dirigeants politiques, chefs d’entreprise et acteurs de la société civile ont fait le point sur les perspectives de développement du secteur agricole et sur les moyens pour y parvenir. Fruit de ces débats, un livre blanc de recommandations est remis au gouvernement, lequel entend justement faire de l’agriculture le moteur de la diversification économique dans un pays encore essentiellement dépendant de ses revenus pétroliers. Avec le tourisme, l’agriculture constitue d’ailleurs un des piliers principaux du Plan national de développement (PND 2018-2022).

La nécessité des investissements privés se fait de plus en plus ressentir, particulièrement dans le secteur agricole dont la contribution au PIB n’a cessé de dégringoler depuis les années 1980. Si la tâche ne s’annonce guère aisée pour un pays qui occupe actuellement les derniers rangs du classement Doing Business (180e/190), les initiatives se multiplient pour changer la donne et créer un dialogue public / privé en vue d’améliorer le climat des affaires.

La création d’entreprises bientôt simplifiée

Entre autres chantiers urgents, les autorité congolaises s’attaquent notamment à la procédure de création d’entreprise. L’obstacle est en effet de taille : au Congo, lancer son entreprise peut prendre 160 jours. Simplifier le processus et réduire les délais, c’est la mission que s’est donnée le nouveau directeur de l’Agence Congolaise pour la Création des Entreprises (ACPCE), qui joue le rôle de guichet unique.

La Banque mondiale entend booster la participation privée et les PME

Le Projet d’Appui au Développement des Entreprises et à la Compétitivité (PADEC) est un maillon essentiel de cette stratégie. Financé par la Banque mondiale à hauteur de près de 14 milliards de francs CFA, ce projet vient d’être lancé pour 4 ans. L’objectif : soutenir la création de PME et TPE et promouvoir les investissements privés hors-pétrole, dans les filières de l’agro-industrie, du tourisme, du transport/logistique et des technologie de l’information et de la communication.

Parallèlement, l’Agence congolaise pour la Promotion des Investissements (API) recense les opportunités d’investissements déterminées comme prioritaires dans le secteur agricole (encadré ci-contre). Pour l’API, tout l’enjeu va être d’attirer suffisamment de financements privés pour exploiter cet énorme potentiel en jachère.

Opportunités d’investissement dans le secteur agro-pastoral

  • production de viande (bœuf, volaille) et d’œufs
  • construction et gestion d’abattoirs
  • production et transformation de fruits
  • mise en place d’une unité de montage de tracteurs et autres équipements agricoles
  • location et maintenance de matériel et d’engins agricoles
  • création de sociétés spécialisées dans la production de semences améliorées, d’aliments pour bétail et d’engrais
  • amélioration des pâturages pour l’élevage bovin et de petits ruminants
  • transport et le conditionnement de produits agropastoraux

Plus d’informations sur :
www.apicongo.org