Privatisation des assurances : l’énorme potentiel

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C’est la fin d’un monopole d’État de plus de 50 ans. Le 28 mars 2019, l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA) a acté la libéralisation du secteur des assurances avec l’octroi d’un agrément à 6 premières sociétés privées. Cette réforme, attendue depuis 2015, s’inscrit dans la lignée des modernisations des secteurs économiques et bancaires.

Un potentiel de 5 milliards de dollars

Selon les chiffres de la Société nationale d’assurance (Sonas), le marché actuel représente 63 à 71 millions d’euros de primes, pour un taux de pénétration ne dépassant pas 0,5 %. Le marché à conquérir est donc gigantesque et pourrait approcher les 5 milliards d’ici
5 ans, selon Alain Kaninda, directeur général intérimaire de l’ARCA. 

Alain Kaninda a insiste sur la belle occasion que cela représente, lors d’une conférence de presse à Kinshasa, en rappelant que l’assurance automobile est obligatoire, mais pas encore correctement adoptée : « Certainement des mesures de contrôle seront mises en place. C’est une responsabilité de la police, mais nous en tant qu’autorité de régulation, nous allons suivre également, avec les autorités compétentes, les mécanismes qui seront mis en place pour s’assurer que cette assurance est prise. »

Si ces estimations sont confirmées, le marché congolais deviendra l’une des meilleures opportunités d’investissements d’Afrique pour les opérateurs du secteur.

Qui sont les 6 premiers arrivés ?

Déjà fin 2017, une quinzaine de sociétés congolaises et étrangères se sont manifestées auprès de l’ARCA. Pourtant, aujourd’hui, seules six sociétés détiennent l’agrément. L’ARCA semble vouloir prendre toutes les précautions nécessaires pour la réussite de cette opération et éviter que ce ne soient les banques en place qui s’accaparent le marché. La redynamisation de l’économie est clairement en ligne de mire de la réforme.

Parmi ces six élus, quatre sont des compagnies d’assurances (Activa Assurance RDC, SFA Congo ainsi que deux groupes indiens, Raweur SA et Raweur life SA) et deux sont des sociétés de courtage (Allied insurance Brokers SARL et Gras Savoyage RDC).

Les conditions de l’agrément

Hormis la solvabilité et le sérieux des services, l’ARCA impose également quelques conditions destinées à assurer, d’une part un bénéfice pour la population, de l’autre, un soutien à l’économie congolaise.

Concernant les produits, l’agrément s’obtient en échange de la preuve que ceux-ci répondent aux besoins de la population ou des entreprises.

Sur le plan fiscal, le deal implique de réserver au trésor public :

  • 16 % du montant des primes 
  • les IPR retenus à la source sur les salaires des employés
  • les IPR retenus à la source sur les salaires des employés
  • un impôt sur le bénéfice et de profit
  • des taxes diverses, dont celle sur les dividendes distribués

Cet apport direct aux recettes de l’état n’est pas tout. La RDC capitalise également sur la contribution indirecte représentée par les différents impôts, taxes et redevances versés par les secteurs dans lesquels sont investis les capitaux des sociétés d’assurances. Il est donc attendu que cette libéralisation finance l’économie.

Aviver la culture de l’assurance

Les Congolais n’ont pas encore le réflexe de souscrire à des produits d’assurance, même lorsqu’ils sont obligatoires comme les RC automobiles. Il reste un important travail de communication à faire de la part de l’ARCA et du gouvernement pour stimuler le secteur. 

Joseph Kabila déjà, lors de son premier mandat, en avait fait une priorité. Il savait à quel point une culture de l’assurance peut améliorer la productivité et les investissements.
Les investisseurs étrangers ont en effet besoin de sécurité, le tissu industriel a besoin de ces services et la RDC a besoin d’un dynamisme économique.