BELGIQUE – ANGOLA, UNE DÉJÀ LONGUE HISTOIRE

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Les relations entre notre pays et l’Angola sont anciennes. Elles se sont tissées à l’aube du XXe siècle, époque où deux petits États coloniaux européens, la Belgique et le Portugal, faisant un peu plus de 120 000 km2 à eux deux se partageaient deux colonies voisines d’Afrique centrale, trente fois plus vastes, séparées par une frontière commune de plus de 2.500 km.

Animées d’un dynamisme industriel incontestable, nombre d’entreprises belges appartenant souvent au giron de la Société Générale de Belgique s’installèrent en Angola dans les années 20. Elles furent actives dans la culture du coton (Cotonang créée en 1926), le diamant (Diamang) et le pétrole par l’intermédiaire de Petrofina qui s’y implanta en 1952. Personne n’oublie que l’unique raffinerie en fonction actuellement en Angola est celle de Petrangol, édifiée par les ingénieurs de Pétrofina en 1954 !

La Belgique peut se targuer d’être le seul pays à maintenir une représentation diplomatique en Angola depuis 1929. C’est à cette époque en effet qu’est ouvert un Consulat général à Benguela rendu nécessaire en raison du nombre important de Belges transitant par le port voisin pour se rendre au Katanga, en empruntant le chemin de fer du corridor de Lobito.

Au niveau des transports, il est bon de souligner que notre ancienne compagnie nationale, la Sabena (devenue Brussels Airlines) assure la liaison vers la capitale angolaise depuis 1986 et elle ne l’a jamais interrompue, même aux heures sombres de la guerre civile. Elle maintient actuellement deux fréquences par semaine avec une troisième qui sera reprise très bientôt.

Les relations entre la Belgique et l’Angola se sont progressivement développées autour de deux axes. Le diamant, bien naturellement, en raison de la position dominante de la place d’Anvers, mais également en matière de coopération diplomatique. Celle-ci s’articule bien évidemment autour de la « problématique » congolaise, la position géographique de l’un et le poids historique de l’autre justifient une évaluation régulière de la situation. Et les points de vue sont généralement proches.

La Belgique n’a pas tardé à réagir à l’élection de João Lourenço à la présidence de la République d’Angola. Dès novembre 2017, soit à peine deux mois après son intronisation, le nouveau président rencontrait le Premier ministre Charles Michel et le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders à l’occasion du sommet Europe-Afrique d’Abidjan. La Belgique prit ainsi très vite conscience de la volonté de changement et d’ouverture du nouvel exécutif. Lors de sa tournée en Europe, en juin 2018, le président Lourenço n’a pas oublié de consacrer deux jours à la Belgique, dont une pleine journée à Anvers pour visiter les diamantaires bien sûr, mais aussi le port d’Anvers et l’Institut de médecine tropicale. La nomination d’un « poids lourd » de la diplomatie angolaise en la personne de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Georges Chikoti, au poste d’ambassadeur à Bruxelles, témoigne également de ce regain d’intérêt pour notre pays.

Cette « volonté commune de renforcer le partenariat stratégique » entre les deux pays s’est concrétisée lors de la visite officielle du ministre Reynders à Luanda en septembre dernier. Un Mémorandum d’Entente sur la tenue d’une Commission mixte a été signé à cette occasion. Les secteurs de l’agronomie, de la santé, de l’éducation, de la justice, de la défense, des mines et des transports ont été clairement identifiés comme ceux devant faire l’objet d’un partenariat renforcé. Une première réunion de la Commission mixte devrait se tenir prochainement à Bruxelles.

Pour la première fois en 2018, la balance commerciale entre les deux pays a affiché un boni en faveur de la Belgique pour un montant de quelque 163 millions d’euros. Ce résultat exceptionnel est la conséquence d’un accroissement substantiel des ventes
d’« huiles légères » (403 mm d’euros) représentant 72,5 % du total. Pour le reste, les exportations se concentrent sur les « produits chimiques et les machines et autres appareils » pour 12,3 %. Cette performance a fait de la Belgique le deuxième fournisseur de l’Angola parmi les pays de l’Union européenne, derrière le Portugal (1.514,4 millions d’euros) soit 17 % des exportations de l’ UE !

Les importations se sont élevées quant à elles à 365 millions d’euros, un niveau similaire à celui atteint avant la crise de 2014. Sans surprise, près de 93 % de ces importations concernent le secteur des « pierres précieuses et des métaux ». En 2018, l’Angola était le 55e client de la Belgique et son 61e fournisseur. Pour comparaison, la RDC en était respectivement le 61e et le 72e.   

Outre Brussels Airlines qui maintient un bureau de représentation à Luanda , trois autres groupes belges sont présents en Angola. Le plus ancien est la société TSE, active dans le pays depuis le début des années 90 dans les secteurs de la construction et des infrastructures. Son dirigeant, Roland Gueubel y est par ailleurs le représentant officiel de la CBL-ACP. Exmar Marine assure quant à elle d’importants services en matière de transport gazier et pétrolier. Le dernier groupe à avoir investi en Angola est Pollet Water Group, société spécialisée dans le traitement d’eau. Son investissement s’est concrétisé à l’occasion d’une importante mission commerciale belge conduite en 2013 par la princesse Astrid. Nul doute que l’Angola souhaiterait que d’autres groupes nationaux suivent ces pionniers et investissent dans le pays.

DANIEL RIBANT

Administrateur à la CBL-ACP, DANIEL RIBANT a travaillé 38 ans dans le secteur bancaire, dont plus de 20 consacrées au marché angolais. Il est le président-fondateur d’une asbl, European Foundation For Angolan Promotion & Development (EFFA), la seule ONG belge active en Angola, entièrement dédiée à des projets sociaux, éducatifs et caritatifs. Il dirige également une société de consultance, AUSTRAL CONSULTING, active dans l’accompagnement de projets de développement dans ce pays. Il est par ailleurs l’auteur de deux livres parus aux éditions L’Harmattan à Paris : L’Angola de A à Z (2015) et Força Angola (2018).