Carrefour des royaumes éclatés venus des grand empires plusieurs fois séculaires du Mali et du Ghana, point de rencontre des hommes de l’or, de l’ivoire, du bronze et de la terre façonnée, lieu de jonction des peuples des lagunes, de la forêt et de la savane, la Côte d’Ivoire est le limon fertile où les peuples éburnéens se sont reconnus pour bâtir une nation unie et plurielle dans sa diversité.
Sur cette terre, haute en couleurs, qui a su préserver ses traditions tout en relevant le défi du modernisme, plus de soixante ethnies composent la mosaïque vivante ivoirienne et travaillent à l’édification d’un pays.
Une ville, Abidjan, témoigne de ce double pari. Symbole de la réussite économique avec ses quartiers d’affaires qui dressent vers le ciel leurs buildings futuristes de verre et d’acier. Nommée la « perle des lagunes », elle n’en reste pas moins profondément africaine avec ses quartiers populaires pleins d’odeurs, de couleurs et de bruits.
D’autres villes, extrêmement différentes, sont aussi des images saisissantes de la Côte d’Ivoire : Grand-Bassam, ancienne capitale, a gardé son charme désuet de vieille ville coloniale. A l’opposé, Yamoussoukro, capitale administrative est devenue une ville futuriste.
Et comment raconter la beauté des architectures traditionnelles ? Villages de terre Sénoufo, fermes fortifiées des Lobi, village lacustre de Tiagba, ou greniers tressés des Dioula.
Un peu d’histoire
Du peuplement primitif de la Côte d’Ivoire, on sait peu de choses. Seuls témoignent quelques vestiges préhistoriques comme des haches en pierre polie, des tessons de poterie du paléolithique ou du néolithique. D’abondants amas coquillers dans la région lagunaire témoignent d’une intense activité des populations côtières qui laissent à penser qu’elles étaient présentes 1500 ans avant notre ère.
Certains groupes de populations actuelles sont très anciens comme les Ehotile de la lagune ou les Sénoufo.
En Côte d’Ivoire, jusqu’aux premiers contacts avec les Européens au XVe siècle, aucun témoignage écrit n’existe contrairement à ce qui s’est produit pour les royaumes Noirs du nord décrits par des chroniqueurs arabes à partir du XIe siècle, au moment où les Almoravides sont entrés en guerre avec l’empire du Ghana.
A partir du XVe siècle, l’histoire est bien connue de ces royaumes mouvants au gré des conquêtes guerrières ou de colonisation de type religieux ou encore d’extension agricole rendue nécessaire par l’accroissement de la population.
C’est un navigateur portugais, Soiero Da Costa, qui au XVe siècle « découvre » la Côte d’Ivoire. Dès cette époque, le commerce de l’or avec les principautés Ashanti, l’ivoire, le palmiste, et bien sûr, le commerce des esclaves, attirent les commerçants qui fantasment sur ces fabuleux et légendaires royaumes de l’or.
Toute l’Afrique de l’Ouest porte la marque de ces royaumes conquérants qui, jusqu’à la fin du XIXe siècle, modelèrent le visage des Etats modernes d’aujourd’hui. A la fin de ce siècle, on peut considérer que les populations sont, dans leur ensemble, fixées.
Particularités de l’art ivoirien
Les civilisations africaines, en particulier celle de la Côte d’Ivoire, ont toujours accordé la primauté à la fonction sur la forme. La beauté n’est jamais recherchée pour elle-même. Elle est atteinte lorsqu’il existe un accord fondamental entre la pensée religieuse et l’objet chargé de l’exprimer ou de la servir (ustensiles, statues, masques…). Ce que les collectionneurs appellent « l’art africain », ce sont en fait des objets usuels ou culturels qui, désacralisés ou inutilisés aujourd’hui, sont vendus comme pièces de collection.
Quatre grands groupes ethniques peuplent la Côte d’Ivoire :
les Mandé dans le Nord-Ouest (Malinké, Dan, Gouro…)
les Voltaïques dans le Nord-Est (Sénoufo, Lobi, Koulango…)
les Krou dans le Sud-Ouest (Bété, Guéré, Dida…)
les Akan dans le Sud-Est (Baoulé, Agni, Abron…)
Chacun de ces groupes témoigne de son art de vivre à travers ses réalisations.
Le bois et le bronze
Raphia, rotin, bois et bambou permettent les vanneries, sculptures sur bois, meubles d’art… Le bronze, travaillé selon la technique ancestrale de la cire perdue, est connu presque partout en Côte d’Ivoire.
Les statues et masques
La principale différence entre statue et masque réside dans le fait que la première reste immobile pendant les cérémonies, tandis que le second participe à toutes les phases du rite puisque attaché autour du visage d’un participant, souvent un initié, dont l’incognito est préservé. La statuaire en pays Baoulé (avec le siège Baoulé du chef), et Sénoufo (représentant le premier couple) est la plus célèbre. Les masques Dan, Baoulé, Gouro, Guéré, Bété sont les plus cotés chez les connaisseurs.
Le tissage et la peinture
Les Baoulé, les Dioula et les Sénoufo se distinguent dans l’art du tissage. Baoulé et surtout Sénoufo sont renommés pour leur peinture sur tissu. Sur des panneaux de toile écrue, l’artisan dessine des animaux symboliques, accompagnés de motifs géométriques (Toiles de Korhogo). C’est de ces toiles que Picasso s’est le plus inspiré quand on parle de l’influence « nègre » dans son œuvre.
Les tisserands du Nord utilisent des teintures végétales comme l’indigo ou la kola. Le kaolin est utilisé pour orner le visage et le corps des participants aux cérémonies traditionnelles et religieuses.
La danse
La région de l’Ouest est une des plus riches de Côte d’Ivoire pour les danses traditionnelles. Environ 300 danses font partie des traditions. Parmi les plus connues : le temate de Facobly (hommage des jeunes filles aux esprits favorables à une abondante récolte de riz), la danse des échassiers de Gouessesso et Danane (imagination chorégraphique et adresse gymnique de jeunes gens masqués sur des échasses de 3m de haut), la danse Gouah (geste collectif de gratitude des jeunes initiés à l’adresse des Dieux bienfaisants).
Les poids à peser l’or
Les ethnies du groupe Akan sont considérées comme les peuples de l’or. Leur talent s’exprime surtout dans les figurines de cuivre servant à peser l’or autrefois et utilisées aujourd’hui en éléments d’ornementation. Chez les Agni et les Abron, chaque cérémonie donne l’occasion de se parer de bijoux, de lunettes et de colliers en or.
La poterie
Pratiquée par toutes les ethnies et le plus souvent par des femmes, la poterie est très présente chez les Malinké. Jattes, canaris et vases sont montés à la main et cuits sur le feu.
Les poteries de Katiola sont les plus renommées du pays.
Les instruments de musique
Ils ont une valeur symbolique et sont associés aux différentes formes de cultes. Les tam-tams, dont la base rythmique est souvent soutenue par des calebasses recouvertes de perles ou de cauris, sont les plus célèbres. Ils émettent un son grave et vibrant. Le Balafon (ou Xylophone) particulièrement utilisé dans le Nord du pays, est aussi apprécié par les Baoulé, les Dan et les Guéré.