Arrêtons de vouloir sauver l’Afrique.

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Décembre, le mois des bilans ! Sans s’appesantir sur le passé ni souligner le poids des périls de l’économie mondiale sur les performances de la zone ACP en général et celles de l’Afrique en particulier, l’année 2017 a, malgré une reprise fragile en fin d’année, prolongé la morosité qui prévalait déjà les années précédentes.

Cependant disposant d’un secteur privé dynamique, d’une population douée d’un esprit d’entreprise et de ressources naturelles abondantes, ce Continent a des atouts certains et aurait pu, aurait dû développer une croissance plus alerte et plus soutenue. Alors depuis le temps que l’on y perçoit une éventuelle embellie il n’est pas innocent de se demander ce qui manque pour déclencher ce renouveau.

Une des raisons de cette inertie est probablement initiée par des décennies de ‘bonnes’ intentions, que ce soit par l’aide au développement d’Etat à Etat, par le support (pour ne pas dire : par l’intervention) de grandes institutions ou encore par l’action de milliers d’organisations caritatives que l’Occident en général et l’Europe en particulier ont déversées sur le Continent. En générant plein de condescendance, ces flux d’aides ont surtout oblitéré toute initiative créatrice de la part des africains.

Comment s’étonner dès lors que depuis les années 70 le revenu national dont disposent les africains est systématiquement inférieur à la production intérieure de leur pays. Ceci démontre qu’une partie non négligeable du capital local est, en échange des aides reprises plus haut, possédée par des étrangers entraînant de facto sur place des appels récurrents et presque irrépressibles d’expropriation. Il est aisé de comprendre que ces menaces de confiscation répétées sont une entrave majeure à toute croissance économique. Il en résulte que les Etats sombrent souvent dans d’interminables alternances de gouvernements, les uns prônant la nationalisation des avoirs étrangers, les autres protégeant les propriétaires et leurs intérêts locaux.

Nous pouvons trouver d’autres causes à une croissance économique restreinte, comme certaines spécialisations issues des options coloniales qui ne sont plus porteuses aujourd’hui, mais il n’est pas nécessaire de les énumérer toutes pour se rendre compte qu’il est grand temps de revoir notre copie ; il est grand temps de reconsidérer nos postulats de base ; il est grand temps d’arrêter de vouloir sauver l’Afrique ! L’Afrique est parfaitement capable de se sauver elle-même. Pour autant que le reste de la planète traite avec elle d’égale à égale, ce Continent dispose, quoiqu’on en dise, et quelle que soit la ‘confusion’ entretenue à son sujet, des moyens de cette politique.

A l’instar des pays asiatiques qui ont connu une trajectoire de rattrapage par rapport aux pays plus développés, sans investissements étrangers massifs, en finançant eux-mêmes les capitaux physiques et humains et en relevant leurs niveaux d’éducation et de formations, l’Afrique peut elle aussi prendre la voie d’une croissance économique à long terme. Le Botswana est là pour appuyer cette affirmation. La culture entrepreneuriale est bien vivante en Afrique. À nous d’aller à sa rencontre pour, ensemble et en partenaires co-responsables, créer le monde de demain. C’est ce que je vous souhaite pour 2018.