Quand la Chine tousse, le monde tremble. Avec une croissance en berne, la deuxième économie de la planète plonge les places financières mondiales dans un tourbillon d’incertitudes. La fin d’une époque ? Certainement. De nombreux économistes s’accordent sur un point: la croissance à deux chiffres, c’est du passé et l’atterrissage est plutôt brutal. Quid de l’Afrique dans ce marasme ? Le client chinois représentait hier encore 25 % des exportations africaines et la moitié des investissements étrangers en Afrique provenaient de l’empire du Milieu. Des chiffres vertigineux, qui ont de quoi rendre nerveux de nombreux pays du Continent. Cela dit, l’affaissement du colosse est-il forcément une mauvaise nouvelle ? Si une dizaine de pays africains exportateurs de matières premières subiront une disette fiscale accompagnée d’une sérieuse pression sociale, il est prévisible que les activités industrielles y seront ralenties mais pas nécessairement remises en question. En effet, la Chine a et aura toujours dans un futur prévisible besoin de ses alliés africains pour construire et maintenir son leadership dans le monde. Par contre, pour les pays du Continent dont les économies ne sont pas liées aux prix des matières premières, il y a peut-être une opportunité à saisir. Le ralentissement de l’activité de la Chine entraîne une réduction de ses importations de pétrole (africain ou autre) avec comme conséquence une baisse spectaculaire du prix du baril. Pour la grande majorité des pays du Continent, cette diminution des dépenses énergétiques va améliorer sensiblement la balance commerciale et doper l’économie. Ainsi, l’Europe se trouvera de facto face à des partenaires africains non seulement économiquement plus stables mais aussi moins dépendants de la Chine, donc plus disposés à entrer en dialogue avec leurs partenaires traditionnels. L’audace réussit à ceux qui savent profiter des occasions. C’est donc pour les membres de la CBL-ACP, maintenant ou jamais, le moment d’innover de nouveaux modes de coopération, de les étendre sur l’ensemble de la chaîne industrielle et ainsi de redéfinir la trajectoire des futurs échanges avec leurs partenaires africains.
Guy Bultynck
Président CBL-ACP