Burundi

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Perspectives économiques

Le Burundi est l’un des pays les plus densément peuplé de la région des Grands Lacs, avec 11.6 millions d’habitants. Une crise sociopolitique et économique a suivi les élections nationales de 2015 et a entraîné un important ralentissement économique, dégradant un climat d’investissement déjà difficile.
La modeste croissance économique en cours reste insuffisante pour créer des emplois dans un pays qui vit une forte croissance démographique et qui connaît un taux de chômage des jeunes particulièrement élevé (plus de 60 %). Près des deux tiers des burundais vivent sous le seuil de pauvreté, faisant de ce pays où environ 80 % de la population dépend de l’agriculture de subsistance, l’un des plus pauvres du monde.

Le Burundi est entré en récession en 2020 principalement à cause de la pandémie de COVID-19, qui a interrompu la remontée économique fragile que le pays vivait.
La croissance économique est estimée à 0.3 % en 2020, contre 1.8 % en 2019 et l’inflation a atteint 7.5 % après deux années de déflation. Les secteurs de l’industrie et des services ont particulièrement été frappés par la pandémie, avec une baisse de production de 4.5 % et 1.8 % respectivement, par rapport à 2019, et les investissements ont chuté d’environ 3 %. En 2019, le secteur de l’agriculture comptabilisait 28.9 % (+3.9 %) du PIB, le secteur secondaire 11.0  % (+2.1 %) et les services 47.9 % (+1.0 %). Le déficit budgétaire a doublé pour atteindre 8.7 % du PIB et les dépenses courantes ont augmenté d’environ 4 % en 2020. Les déficits commerciaux et courants se sont aggravés à cause de la baisse mondiale des prix du café et du thé.

Sous réserve d’une reprise économique mondiale et de la hausse du prix du café, la croissance est projetée à 3.5 % pour 2021 et à 2.1 % pour 2022. L’inflation retomberait à 5.4 % en 2021 et à 3.2 % en 2022 et le déficit budgétaire devrait lui aussi redescendre à 7.9 % du PIB, grâce aux mesures d’augmentation des recettes fiscales prévues par la Loi de finances 2020-2021.

Le Burundi à l’international

Le Burundi est membre de la Communauté d’Afrique de l’est (EAC), du Marché Commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) et de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL). Le pays représente un pont entre la CAE et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) par le lac Tanganyika, sur lequel se trouve Bujumbura, centre d’affaires de la région. Le gouvernement a récemment adopté de nouvelles lois sur la zone de libre-échange afin d’accélérer son intégration dans d’autres blocs commerciaux tels que la zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA), la zone de libre-échange tripartite (TFTA) entre le COMESA, l’EAC et la SADC (Southern Africa Development Community).

Un dialogue politique entre le gouvernement du Burundi et l’Union Européenne a débuté ce mois de février sur une éventuelle levée des sanctions budgétaires prises à l’encontre du Burundi depuis la crise de 2015, en raison de « graves violations des droits de l’homme ».

Le Burundi est classé 166e (sur 190) au classement Doing Business, 165e (sur 180) à l’indice de perception de la corruption, 185e (sur 189) à l’indice de développement humain. Tous ces classements se sont à peine améliorés ou n’ont pas évolué depuis une décennie.

Investissements étrangers

Toutes les activités économiques sont ouvertes aux investisseurs étrangers, qui ont les mêmes droits que les investisseurs nationaux pour établir et posséder des entreprises dans le pays, avec toutefois des restrictions dans l’armement, les munitions et toute sorte d’entreprise militaire ou paramilitaire. Il n’y a pas de limites générales à la propriété ou au contrôle étrangers. Pour des entreprises minières, le gouvernement du Burundi doit détenir au moins 10 % des actions de toute société étrangère disposant d’une licence d’exploitation minière industrielle dans le pays.

Pour attirer des investisseurs étrangers, le Burundi a mis en œuvre des réformes, notamment le renforcement de son guichet unique pour la création d’entreprise, les permis de construire et l’enregistrement des biens, la simplification des procédures fiscales pour les PME, le lancement d’un guichet unique électronique pour les transactions commerciales et l’harmonisation des lois commerciales avec celles de la Communauté d’Afrique de l’Est. Le Burundi a un score nettement au-dessus de la moyenne sub-saharienne pour la création d’une entreprise, selon le Doing Business 2020. L’enregistrement d’une entreprise prend environ quatre heures et coûte 40 000 francs burundais (environ 18 €).

Le Burundi a créé une Zone Economique Spéciale, la ZES-Burundi, dans le but d’encourager différents opérateurs économiques à développer leurs activités économiques dans les secteurs de l’agro-industrie et l’industrie lourde.

Divers avantages fiscaux et douaniers potentiels sont accordés aux investisseurs, notamment : trois années ou plus d’exploitation en franchise d’impôt, l’exonération des charges sur le transfert de propriété, l’exonération des droits sur les matières premières, les biens d’équipement et les véhicules spécialisés, l’exonération des taxes sur les biens utilisés pour créer de nouvelles entreprises, l’exonération des droits de douane si les biens d’investissement sont fabriqués au sein de la CAE ou du COMESA, un taux d’imposition des sociétés de 30 % avec une réduction à 28 % si 50-200 Burundais sont employés et à 25 % si plus de 200 sont employés, et le libre transfert des actifs et des revenus étrangers après paiement des taxes dues.

Les investissements directs étrangers (IDE) sont assez limités au Burundi, s’élevant à
1 million d’USD en 2018 et 2019, principalement dans les secteurs minier et agricole et en provenance notamment de la France et du Japon. La construction de barrages hydroélectriques est planifiée, avec l’aide de la Banque Mondiale et des Pays-Bas.

Malgré le bon vouloir de certaines instances du gouvernement, de nombreuses politiques d’investissement étrangers ne sont pas transparentes et certaines lois ou réglementations sont souvent inefficaces ou non appliquées. Les procédures comptables, juridiques et réglementaires sont généralement transparentes ou conformes aux normes internationales sur le papier mais sont inégalement mises en œuvre dans la pratique.

La Belgique et le Burundi

Le Burundi a signé en 1989 des traités bilatéraux d’investissement (TBI) en vigueur avec l’Union Economique Belgo-Luxembourgeoise.

En 2020, le Burundi était le 134e client et le 146e fournisseur de la Belgique. Il importait principalement des produits chimiques (42.6 %), des machines et équipements (16.7 %), et des produits maraîchers (13,9 %) de la Belgique et y exportait des produits maraîchers (99.8 %), des instruments d’optique (0.1 %) et des machines et équipements (0.1 %). La balance commerciale penchait en faveur de la Belgique pour 24.0 millions €.

Secteurs prioritaires

  • Agro-industrie
  • Education
  • Santé
  • Finance et banque
  • Energie
  • Mine
  • Transport et infrastructure

Secteurs d’intérêt

Agriculture

La grande majorité de la population du Burundi travaille dans le secteur de l’agriculture et le pays offre de vastes plaines très fertiles qui conviennent à l’agriculture moderne, des précipitations pendant 9 mois par an, un réseau abondant de rivières pour l’irrigation et la possibilité de 2 récoltes annuelles.
Le pays a un bon climat qui convient à la production de riz, de coton, de thé, de café, de cultures vivrières, de fruits et de légumes.

L’Agence Burundaise de Promotion des Investissements (API) considère les sous-secteurs agricoles suivants comme propices aux investissements :

  • Agriculture mécanisée
  • Production d’engrais
  • Agriculture à grande échelle
  • Mise en place de systèmes d’irrigation
  • Industrie de transformation alimentaire
  • Chambres froides pour conservation à long terme
  • Production d’huile de palme et de produits dérivés
  • Production de fruits et légumes
  • Elevage
  • Abattoirs
  • Pêche et aquaculture

Finance et banque

Les services des finances et bancaires restent largement sous-développés au Burundi. Pour améliorer l’efficacité du secteur, le gouvernement s’est engagé dans un programme de libéralisation afin d’aider à corriger les distorsions du marché tout en créant des conditions de concurrence pour tous les prestataires. Cette réforme devrait aussi améliorer la mobilisation des ressources et permettre une allocation efficace des ressources dans tous les secteurs de l’économie.

Des opportunités existent dans le domaine de la banque mobile pour atteindre le plus grand nombre de personnes possible. Les secteurs agricole et industriel de l’économie burundaise ont également un besoin urgent de meilleures facilités de crédit.

Transport et infrastructure

90 % des biens importés arrivent par la route, malgré l’existence du port de Bujumbura, clairement sous-exploité. Plusieurs projets ont été lancés pour la modernisation et l’agrandissement du port de Bujumbura, sur le lac Tanganyika. Quant à l’infrastructure ferroviaire, la Tanzanie a lancé un grand projet qui la reliera au Rwanda, en passant par le Burundi, qui doit construire près de 200 km de rails sur son territoire. La connexion du Burundi au port de Dar-es-Salaam offrirait une grande opportunité économique pour ce pays enclavé.

L’API considère les secteurs suivants comme propices aux investissements :

  • Dragage du port de Bujumbura
  • Développement du transport maritime de marchandises et de passagers
  • Augmentation de l’utilisation du réseau sous-régional (Tanzanie, Ouganda, RD Congo et Zambie) pour le transport aérien
  • Installation d’une chaîne de froid à l’aéroport et au port de Bujumbura
  • Amélioration de la planification automatisée des chargements dans le port de Bujumbura
  • Construction d’un chantier naval

Energie

Le Burundi souffre d’un déficit énergétique malgré des conditions favorables et ne dispose pas d’infrastructures énergétiques suffisantes pour satisfaire la demande grandissante. Plus de 90 % de la population n’a pas accès à l’électricité. Le pays dispose d’un énorme potentiel hydroélectrique sous-exploité, avec plus de 150 sites appropriés à travers le pays.

L’API considère les secteurs suivants comme propices aux investissements :

  • Développement d’installations d’énergie solaire
  • Production d’énergie éolienne au bord du lac Tanganyika
  • Production d’énergie hydroélectrique
  • Production commerciale d’énergie géothermique
  • Création de centrales solaires à Mubuga, Bubanza et Gitega

Sources :
Agence Belge pour le Commerce Extérieur
Agence Burundaise de Promotion des Investissements
Banque Africaine du Développement
Banque Mondiale
CNUCED
US Bureau of Economic and Business Affairs
ZES-Burundi

Nicolas Stenger
Rédacteur