Focus Caraïbes : Aperçu économique et immersion dans la stratégie de la Blue Economy

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Aperçu économique global 

Les Caraïbes sont une région diversifiée qui présente un grand potentiel économique et des possibilités de croissance, notamment dans le secteur touristique et dans l’usage durable de ses ressources naturelles telles que ses mers et océans (d’ailleurs connues pour la « Blue economy » que nous explore-rons dans les pages suivantes). Néanmoins, la région des Caraïbes est vulnérable aux catastrophes naturelles. Comme pour la plupart des pays à travers le monde en 2020, les Caraïbes ont traversé une période de souffrance économique dues aux restrictions sanitaires et aux problèmes qui ont suivis. Les pays de la zone Caraïbes étant largement dépendants du tourisme, et celui-ci ayant été un des secteurs les plus touchés de la pandémie, l’impact a été grand sur son économie. En parallèle, les îles des Caraïbes ont fait face à la sécheresse, des fortes pluies, des tempêtes, des inondations et glissements de terrain qui en découlent pendant la saison des ouragans dans l‘Atlan-tique. Récemment, certains pays ont égale-ment dû faire face aux conséquences des éruptions volcaniques et des tremblements de terre. Tous ces désastres naturels ont mené le produit intérieur brut de la région à un niveau historiquement bas. Voici, sur la page de droite, un aperçu de l’évolution globale du produit intérieur bruit des pays des Caraïbes repris dans la liste des pays ACP (Antigua et Barbuda, Bahamas, Barbade, Belize, Dominique, Grenade, Guyane, Jamaïque, St. Kitts and Nevis, St. Lucia, St. Vincent et les Grenadines, Suriname et Trinité-et-Tobago) : Les Caraïbes ont ainsi connu un large impact sur leur produit intérieur brut au lendemain de la pandémie de coronavirus. La Banque Mondiale nous livre par ailleurs un con-stat des plus dramatiques : les pays des Caraïbes étant extrêmement vulnérables au changement climatique et aux catastro-phes naturelles, lorsqu‘un ouragan frappe, il peut anéantir plus que la totalité du PIB annuel d‘une petite île et ce sont souvent les plus pauvres qui en souffrent le plus. Parmi les ouragans majeurs, citons Irma et Maria en 2017, et Dorian en 2019. En avril 2021, l‘éruption du volcan La Soufrière à Saint-Vincent-et-les-Grenadines a nécessité des évacuations massives, et a des impacts étendus sur la population, les infrastructures et l‘économie du pays.

Sous le banner de la « Blue Economy », la région entend développer ce concept et attirer des investisseurs étrangers.

En départageant la zone des Caraïbes suiv-ant les pays faisant partie de la dénomination, nous pouvons avoir un aperçu plus précis de l’impact du coronavirus sur l’économie des différents pays. Néanmoins, les Caraïbes développent depuis quelques années une stratégie entourant l’utilisation de ses ressources naturelles, notamment ses mers et océans. Sous le ban-ner de la « Blue Economy », la région entend développer ce concept et attirer des investisseurs étrangers.

 FOCUS SUR LA STRATÉGIE DE BLUE ECONOMY DES CARAÏBES

L‘émergence récente du concept d‘« économie bleue », issu de la Conférence des Nations unies sur le développement durable de 2012, ou Rio+20, offre une nouvelle voie pour promouvoir et atteindre les objectifs de développement durable des petits États. Il adapte de nombreuses caractéristiques de l’économie verte, notamment le développement durable sur le plan environnemental, l’équité dans l’utilisation des ressources et la recherche d‘un développement durable sans dégradation de l‘environnement. Il existe plusieurs définitions du concept de Blue Economy. Selon la Banque mondiale, l’économie bleue ou « blue economy » est « l‘utilisation durable des ressources océaniques pour la croissance économique, l‘amélioration des moyens de subsistance et l’emploi, tout en préservant la santé de l’écosystème océanique. »

En parallèle, la Commission européenne la définit comme « l’ensemble des activités économiques liées aux océans, aux mers et aux côtes. Elle couvre un large éventail de secteurs établis et émergents interconnectés » tandis que le Commonwealth des Nations la considère comme « un concept émergent qui encourage une meilleure gestion de nos ressources océaniques ou « bleues » . »

Les pays des Caraïbes sont de grandes nations maritimes avec une zone océanique combinée de plus de 2.754.000 km2, qui soutiennent, dépendamment du pays et surtout dans les Caraïbes orientales, les secteurs traditionnels de l’économie bleue, comme la pêche, le tourisme et la navigation, ainsi que des secteurs émergents comme la mariculture, les énergies renouvelables et la biotechnologie. Axés sur l’économie bleue, un projet de 60$ millions de dollars, le Blue Economy of the Caribbean Project (UBEC) lancé par le International Development Association et PROBLUE voit le jour ces derniers mois. Le projet est conçu pour l’ensemble des Caraïbes, et bénéficie à la Grenade, à Sainte-Lucie, à Saint-Vincent-et-les-Grenadines et implique la Commission de l‘OECS dans la phase I, de 2022 à 2027.

MISE EN PERSPECTIVE ET AVENIR DE LA STRATÉGIE D’ÉCONOMIE BLEUE

D’une part, les principaux secteurs de l‘économie bleue sont parmi les plus touchés par les effets néfastes du changement climatique, notamment l’augmentation de la température de la surface de la mer, l’élévation du niveau de la mer, l’acidification des océans et les effets destructeurs liés à l’augmentation de la fréquence et de l‘intensité des catastrophes naturelles. D’autre part, un défi important de l’économie bleue est de comprendre et de mieux gérer les nombreux aspects de la durabilité océanique, allant de la pêche durable à la santé des écosystèmes en passant par la prévention de la pollution. En outre, l’économie bleue nous met au défi de réaliser que la gestion durable des ressources océaniques nécessitera une collaboration au-delà des frontières et des secteurs, par le biais de divers partenariats, et à une échelle qui n’a jamais été atteinte auparavant. Il s’agit d’un défi de taille, en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) qui sont confrontés à d’importantes limitations. L’ONU note que l‘économie bleue contribuera à la réalisation des objectifs de développement durable de l’ONU, dont l‘un des objectifs, le 14, est « La vie sous l‘eau ».

LE COMMERCE DANS UNE BULLE DE LA BLUE ECONOMY ET OPPORTU-NITÉS D’INVESTISSEMENTS DANS LES CARAÏBES

Pour les entreprises les plus innovantes et axées sur les objectifs de développement durable, investir dans les ressources côtières et marines vivantes des Caraïbes peut se révéler très intéressant pour lutter contre le changement climatique, assurer la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, et protéger les communautés côtières de l’élévation du niveau de la mer, des tempêtes et des inondations. Ceci offre un large potentiel pour diversifier les économies, renforcer la résistance aux chocs mondiaux et au changement climatique, et créer des emplois durables et utiles pour tous. A titre d’exemple, l’Union Européenne met également en place une stratégie d’économie bleue : les secteurs traditionnels de l’économie bleue contribuent à environ 1,5 % du PIB de l’UE-27 et fournissent environ 4,5 millions d‘emplois directs, soit 2,3 % de l‘emploi total de l’UE-27. Les secteurs innovants émergents de l‘économie bleue sont l’énergie renouvelable des océans, la biotechnologie bleue et la production d’algues.