Valdis Dombrovskis, Vice-président exécutif de la Commission européenne : Quels sont les enjeux des accords entre l’Union européenne et l’Afrique ?

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Interview de Valdis Dombrovskis, Vice-président exécutif de la Commission européenne, Chair the Commissioners’ Group on an Economy that Works for People et trade commissioner and overall lead on building a future-ready economy

L’objectif premier des accords de partenariat économique négociés entre les pays africains et l’UE était avant tout de sauvegarder l’accès au marché européen pour les produits des pays africains, ainsi que de garantir l’intégration du développement durable dans les économies africaines. Cet objectif a été largement rempli, vu que les exportations des pays qui ont négocié ces accords ont augmenté graduellement et se sont même diversifiées. Ces accords sont, pour la plupart d’entre eux, entrés dans la phase finale de leur mise en œuvre. Il est remarquable de constater que ces accords ont également permis à ces pays d’accroître leur capacité de production, d’assouplir l’environnement règlementaire des entreprises, de créer davantage de petites et moyennes entreprises tournées vers l’exportation et d’attirer davantage d’investissements étrangers. De plus, les négociations récemment conclues avec le Kenya ont abouti à un accord de partenariat économique qui est le plus ambitieux en matière de commerce et développement durable signé à ce jour avec un pays africain. Il inclut des références la protection des droits des travailleurs, la protection de l’environnement et du climat, la promotion du principe d’égalité de genre et une coopération renforcée en matière de mise en œuvre de ces engagements.

Nous constatons un intérêt croissant pour les APE parmi nos partenaires commerciaux africains. D’une part, cela tient au processus d’industrialisation en Afrique, qui requiert de plus en plus d’investissements étrangers directs et d’importations étrangères (il est reconnu que les APE fournissent une garantie de transparence et de prévisibilité juridique aux investisseurs), et d’autre part à une volonté, de la part des pays africains, de diversifier leur économie et d’accroître leur participation aux chaînes de valeurs existantes.

Les dirigeants de l’UE et de l’UA stimuleront également l’intégration économique régionale et continentale, notamment par l’intermédiaire de la zone de libre-échange continentale africaine. Les accords de commerce existants entre l’UE et certains pays africains ont contribué à renforcer et à approfondir les échanges et le développement économique entre les deux continents. Notre objectif à long terme est la création d’une zone de libre-échange de continent à continent.


Quelle est líimportance des nouveaux accords de partenariat Èconomique qui ont suivi líaccord de Cotonou entre líUnion europÈenne et 48 pays de líAfrique subsaharienne ? Quels en sont les intÈrÍts ?

Outre le fait de préserver l’accès au marché européen et de stimuler les exportations, ces accords ont permis aux pays africains concernés de développer leur capacité de négociation, et de réformer leurs économies en ouvrant graduellement leurs marchés à la concurrence et en attirant des capitaux. Ces accords ont donc acquis une importance stratégique vu que les pays concernés ont utilisé leur expérience avec les APE pour mettre en œuvre plus efficacement les engagements qu’ils ont pris dans le cadre des différentes régions d’intégration économique et plus récemment dans le cadre de la zone d’intégration économique continentale africaine. L’intérêt de ces accords est donc multiple : préserver la compétitivité des produits africains sur le marché européen, stimuler la diversification des exportations et la création de nouvelles chaines de valeurs et aider à la mise en place d’un grand marché économique africain favorable à la création d’entreprises et de nouvelles opportunités d’emploi.

Quelles sont les actions non gouvernementales qui participent aux nÈgociations de ces accords et qui ont un impact positif ?

La politique commerciale de l’UE est transparente et responsable, fondée sur des consultations avec les partenaires sociaux, y compris des syndicats, des fédérations d’employeurs, des associations d’entreprises, ainsi que la société civile et organisations non gouvernementales. La société civile est informée du déroulement des négociations des accords commerciaux et peut donner son avis tout au long du processus, du moment où les mandats de négociation sont adoptés à l’entrée en vigueur des accords. De plus, nous publions les rapports des cycles de négociation, les textes de négociation proposés par l’UE, les textes des accords dès que les négociations sont finalisées, ainsi que les ordres du jour et rapports des comités qui se réunissent pour assurer la correcte mise en place des accords. La société civile est aussi consultée lors des évaluations de l’Impact sur le développement durable, qui sont effectuées pendant les négociations pour  analyser les conséquences économiques, sociales et environnementales potentielles de la mise en œuvre des accords commerciaux. Par ailleurs, des réunions régulières et structurées permettent un dialogue ouvert et un échange de vues entre les organisations de la société civile et les services de la Commission.
Nous apprécions les opinions et l’expertise de la société civile : débattre de questions qui façonnent l’opinion publique est un moyen important de mettre à jour, de renforcer et d’approfondir nos connaissances. Ces questions influencent la perception de la politique commerciale par les citoyens ; il est donc essentiel de les discuter, de les prendre en compte et d’y répondre lors de la formulation des politiques.

¿ líÈchelle europÈenne, quelles sont les zones en Afrique dans lesquelles les pays membres investissent le plus et pourquoi ?

L’Union européenne est le premier investisseur en Afrique. Les flux européens d’investissement direct ont été en légère baisse en 2019-2020 comme conséquence de la pandémie de COVID-19,
mais selon le dernier rapport du CNUCED, les investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique ont commencé à rebondir en 2021.

Sur les 4 dernières années, l’Afrique du Sud détient la majorité des stocks d’IDE de l’Union Européenne, avec € 43 milliards en moyen (2018-2021), représentant 20 % des stocks d’IDE européens dans le continent africain. La Nigeria et l’Égypte se partagent le deuxième et troisième rangs avec en moyenne 13 % des stocks. L’Ile Maurice, l’Algérie, l’Angola et la Libye suivent avec en moyenne 5-6 % des stocks d’investissement européens. Quant au Kenya, l’IDE de l’UE s’élève à €2.7 milliards en 2021 et ce montant devrait augmenter substantiellement dans les prochaines années vu le nouvel APE récemment conclu en négociation, incluant un chapitre sur le commerce et développement durable, et bientôt signé et mis en œuvre attirant de nouveaux investisseurs. En effet, entre 2013 and 2020, les stocks d’IDE européens ont augmenté de 13 % dans les pays africains signataires des APE.

En termes de stocks, les Pays-Bas sont le premier investisseur dans le continent africain, suivi de la France. L’Italie a surpassé le Luxembourg dès 2015. Le Luxembourg et l’Allemagne se partagent la quatrième place, suivis du Portugal et de l’Espagne.

Une grosse partie des investissements européens se font dans le secteur de l’énergie. Le gaz et le pétrole Africain sont encore plus importants aujourd’hui vu la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine. L’Afrique détient également 30 % des réserves mondiales de minéraux et de métaux exigés par la transition énergétique comme le nickel, le cobalt, le graphite ou le lithium, qui attirent les investissements étrangers. Grâce aux APE, certains pays africains bénéficient des chaînes de valeurs régionales, comme le secteur automobile en Afrique australe ; ce qui explique en partie l’importance des IDE européennes en Afrique du Sud. La Banque européenne d’investissement a réalisé des engagements records en Afrique en 2021, avec la lutte contre le changement climatique, pour la santé et pour les droits des femmes comme priorités.


La Commission a-t-elle pour projet de participer ‡ la future Global Expo du Botswana en octobre prochain ?

Cette année l’évènement annuel organisé par le gouvernement du Botswana, le Global Forum, se déroulera en parallèle avec le EU-Botswana Business Forum. Il est très probable que la Commission sera représentée à cet événement, à un niveau approprié.