Il y a bien sur l’ECO, la future monnaie des pays de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui devrait être graduellement mise en circulation à partir de l’année prochaine pour, entre autres, abolir le franc CFA (monnaie perçue comme un vestige de la colonisation). Sa mise en place devrait faciliter les échanges entre les pays membres (356 millions d’habitants).
Il y a la ZLECAF, Zone de Libre Echange des pays africains (CFTA en anglais). Ces sigles annoncent la création d’un marché global africain (44 pays). Cette nouvelle zone-libre
(la plus grande au monde) se fera sur le modèle de l’Union Européenne.
En parallèle s’est ouvert le lundi 5 août dernier à Abidjan le 18e forum de l’AGOA, l’African Growth and Opportunities Act. Cette initiative lancée par le Président Obama et qui expirera en 2025 devrait permettre aux produits africains répondant aux critères, d’accéder au marché américain sans barrières douanières et tarifaires et est probablement le prélude à des nouveaux accords commerciaux bilatéraux entre les États-Unis et les pays africains.
Ceci au moment où l’alternative chinoise dévoile progressivement ses limites à mesure que le niveau d’endettement de certains pays africains augmente de manière exponentielle.
Ces exemples montrent à souhait la volonté du Continent de gagner en autonomie et sa volonté de s’organiser par lui-même.
L’Afrique, est-elle pour autant l’épicentre de transformations rapides d’ampleur inédite ?
Force est de constater que l’environnement des affaires y est aujourd’hui loin d’être optimal. L’accès au crédit y est de plus en plus difficile et les besoins en infrastructures y demeurent colossaux.
Fiscalement les entreprises locales y sont toujours surimposées. Ces dernières sont en grande partie centrées sur les matières premières et sont trop souvent étatiques. De plus elles montrent une carence dans la compétitivité, répondent la plupart du temps à des ambitions idéologiques et se perdent régulièrement dans les sables de la mauvaise gestion et de l’inefficacité. Dès lors elles échouent dans la création de valeur ajoutée locale, freinent l’émergence d’un marché national et empêchent la création d’une classe moyenne elle-même vecteur de développement.
Faut-il encore s’étonner que l’Afrique ne représente aujourd’hui que 2 % des chaînes de valeur mondiales ?
Mais même si ce qui précède semble contradictoire, l’Afrique mérite notre plus grande attention. Elle est aujourd’hui comme hier le laboratoire d’une mondialisation sans merci. C’est le Continent où s’invente et où s’expérimente une nouvelle manière de cohabitation entre l’humain et la nature et, à ce titre, il s’y joue une partie importante de l’avenir de la planète. C’est là que se pose avec le plus d’urgence et le plus d’intensité la question des grands mouvements de population ou encore la nécessaire décarbonisation de l’environnement.
Toute pensée ouverte à la pluralité des mondes du XXIe siècle devra inévitablement se mesurer à ces paramètres.
La CBL-ACP consciente de sa mission, reste plus que jamais attentive aux réalités changeantes de notre grand voisin du Sud pour ainsi mieux servir les intérêts de ses membres.
Guy Bultynck
Chairman, CBL-ACP