Une vie au service de la CBL-ACP

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Michel Van der Voort, Past-Président et Administrateur depuis 1983 s’est confié à nous à l’heure où il a décidé de passer le flambeau au sein du Conseil d’Administration. Entretien hors du temps avec une personnalité dont le savoir-faire, le charisme, l’humilité et l’humanité auront marqué l’histoire de la CBL-ACP.

Comment êtes vous devenu membre pour la première fois de la CBL-ACP?

Ma carrière a commencé en 1966, à l’Agence Maritime Internationale à Anvers. Après un peu moins d’un an,je fus envoyé à Matadi, où je suis resté 2 ans. J’ai ensuite été en poste dans différents pays: la Tanzanie, le Mozambique, la Zambie, le Kenya et la Côte d’Ivoire. Lorsque je suis rentré à Anvers, je suis devenu le responsable commercial de l’AMI. Mes premiers contacts avec la CBL-ACP se sont déroulés dans ce cadre: j’étais représentant de l’AMI auprès de la Chambre. En 1983, je suis devenu Administrateur et j’ai très vite été emporté par l’enthousiasme de l’équipe dirigeante sous la présidence de Michel Relecom et sous la coordination dynamique de Colette Stasse, la prédécesseur de Madame Corine Courbet qui faisait un travail remarquable et qui était adorée des membres des ambassades ACP à Bruxelles pour son ton direct, son humour et son franc parler.

C’était l’époque où nous avions une section féminine dirigé avec brio par Maïté Relecom et dont le but était de faire connaitre notre pays aux épouses des ambassadeurs africains.

Lors du décès inopiné de Monsieur Relecom, une série de successeurs[1] ont pris son relais avant que le Président Bernard de Gerlache prenne les rennes pendant 12 années. J’étais son Vice-Président pendant 9 ans avec Jacques Servais. Je lui ai succédé ensuite comme Président pendant 3 ans avant de laisser la place à Guy Bultynck, Président depuis déjà 5 ans.

 Quel est selon vous le changement le plus important qui a eu lieu au fil des années?

 Au niveau européen ce furent les accords de Cotonou qui nous ont encouragé à élargir le champs d’activité de la Chambre vers l’Afrique entière mais aussi vers les Caraibes et le Pacifique. Avec 54 pays africains, 78 avec les Caraibes – Pacifique, nous sommes devenus de facto la plus grande Chambre bilatérale de Belgique, en soi un énorme défi.

Sur le plan économique, la fin de la Société Générale de Belgique telle que nous l’avons connue a coincidé avec un manque d’intérêt soudain pour l’Afrique dans les milieux d’affaires belge et européen. Il s’agissait donc de susciter de l’intérêt auprès de nouveaux acteurs sur l’Afrique. Le gouvernement nous a fortement soutenu dans cet effort et nous avons réussi à maintenir et renouveler notre membership.

Lors de la régionalisation du commerce extérieur belge, nous nous sommes très vite adaptés à la nouvelle structure et nous avons développé des liens étroits avec FIT, AWEX et BIE, qui sont aujourd’hui des organismes puissants et efficaces et dont l’approche est totalement différente de celle d’il y a 20-25 ans. Les régions ne s’y sont pas trompées et nous ont également soutenues.

La régionalisation a été une bonne chose. Cela permet à chaque région de se renforcer dans le secteur où il est le plus performant.

Le rôle de la Chambre s’est également renforcé par la régionalisation, car les Ambassades ACP avaient besoin d’un point de chute qui soit une organisation neutre, inclusive et centrale. Les missions commerciales des régions sont d’ailleurs toujours ouvertes aux sociétés des autres régions.

Welk aspect van de missies in het buitenland boeide u het meest?

Het interessante aspect van de economische missies is de manier waarop de dienstverlening de bedrijven echt kan helpen. Bij zowat elke missie zijn we erin gelukt om deuren te openen bij talrijke ministeries soms zelfs tot de President toe, en zodoende belgische bedrijven te helpen om deals waar te maken. Dit alles natuurlijk op een belangeloze basis zowel voor grote als voor kleine bedrijven.

Gewesten organiseren nu ook zelf missies, wij zijn dan co-organisator. Voor ons is dit interessant, want hoe meer interesse voor Afrika, des te beter. Zo hebben wij zelfs een FIT missie geleid in Ivoorkust in een klimaat van optimale samenwerking en van wederzijds vertrouwen.

De CBL-ACP is echt een ondersteunende organisatie voor onze buitenlandse handel en investering, toch goed voor 60% van onze productie !

Wat is voor u de prioriteit naar de toekomst toe in de handel met Afrika?

“Money is a shy animal”. Geld gaat enkel waar het zich veilig voelt. We moeten de Europese Commissie en de lokale regeringen overtuigen om de business environment helpen veilig te maken. Alles wat ertoe bijdragt om een vredig (democratische) economie te hebben is goed voor onze bedrijven. Wij behoeven dat de politieke situatie stabiel en veilig is. Wat nu aan het gebeuren is in verscheidene conflictlanden is catastrofaal voor het imago van Afrika en leidt tot de grootste migratiecrisis die wij ooit gekend hebben. Op lange termijn blijven wij nochtans optimist en proberen wij de financiele sector te overtuigen dat er nog enorme opportuniteiten zijn op dit continent.

De vorming van de mensen in Afrika leidt tot een geweldige vooruitgang. Ethiopië, Ghana, Nigeria zijn prachtige voorbeelden hiervan, spijts de negatieve publiciteit. Het is belangrijk dat Europa helpt mensen te vormen want in Afrika zijn er veel echte ondernemerrs, veel meer dan wij denken. Het is essentieel dat deze ingekaderd worden zodanig dat zij kunnen bijdragen tot de fiscale inkomsten voor hun respectievelijke staten en dat wij, als grootste geldschieter, onze bijdrage kunnen verminderen en echte autonome staten in het leven kunnen roepen.

Il faut combattre la corruption. C’est une plaie et EBCAM[2] travaille sur l’amélioration du climat des affaires. Le résultat de la corruption ce sont des projets mal faits et un partage injuste des ressources. Sur le long terme, il faut l’éradiquer! Les Français ( le CIAN, membre d’EBCAM) ont pris les devants, ils ont fait une charte pour tenter de la combattre. C’est courageux car ils savent de quoi ils parlent.

Quelles étaient vos priorités pour la Chambre?

Notre souci principal est de garder largement ouvertes les voies d’accès, les communication et le dialogue avec les pays ACP et de contribuer au succès de nos entreprises que ce soit à l’exportation, à l’investissement ou au partenariat.

Dans notre communication et en interne, nous avons toujours veillé à avoir une ligne de conduite unique à la CBL-ACP. Quand la Chambre parle, elle le fait d’une voix. Dès le début, nous étions déterminés à bien nous entendre, c’est la solution pour être gagnants.

Il s’agissait de s’assurer que tout ce qui sort de la Chambre en n’importe quelle langue soit de top niveau. La Chambre doit toujours être en quête d’excellence dans sa communication. Comme Madame Courbet avait le même souci, c’était relativement simple pour nos daily reports, le site web et les mails. Pour les publications et le Directory, avec Josyane Houart, qui allie rigueur et imagination, nous avons eu une collaboratrice de tout grand talent et je suis heureux de voir que la transmission à Idealogy se passe bien et que notre magazine a maintenu son bon niveau tout en lui donnant un look plus actuel.

Je tiens ici à souligner le rôle extraordinaire qu’a joué Madame Corine Courbet (et qu’elle continuera à jouer, j’espère). Elle nous a toujours beaucoup aidés, nous a ramené les pieds sur terre quand c’était nécessaire et savait faire aboutir les projets d’une manière très pragmatique et efficace. Madame Courbet a été à la base d’une grande stabilité de la Chambre. On ne se rend pas compte à quel point elle est appréciée par les Régions, le Fédéral et tous les membres de la Chambre, même à l’étranger. Félicitations aussi à Didier Verhelst qui a su reprendre les affaires en vol avec calme, détermination et efficacité.

L’admission de stagiaires sur une base régulière est un élément réjouissant et utile pour les deux parties. Il s’agit d’un partenariat gagnant tant pour les stagiaires que pour la CBL-ACP.

Lors de nos missions, nous avons également eu la chance de bénéficier du soutien de nos diplomates en poste dans les ambassades à l’étranger. Nos Ambassadeurs sont d’un très haut niveau, ils sont dédiés au secteur privé d’une manière bien plus prononcée que nos voisins. Ils sont de très bons « vendeurs » et représentants économiques pour les différentes régions et sont aidés admirablement par les représentants des régions. Le fait de rencontrer nos ambassadeurs une fois par an à Bruxelles, une initiative de mon prédecesseur, prouve combien le gouvernement attache de l’importance au secteur privé.

N’oublions pas les Ambassades ACP à Bruxelles qui nous témoignent une confiance cruciale. Pour eux, nous sommes synonymes de sérieux car ils savent que nous ne les décevrons pas.

Le verre est plutôt à moitié plein à vous yeux?

Je suis positif, je pense qu’il faut l’être dans la vie. J’ai toujours dit qu’il ne faut être ni naïf, ni cynique. Soyons aussi bien conscients de ceci: ce sont les équipes qui mènent au succès, même si elles doivent être motivées et orientés.

Une équipe positive, enthousiaste et compétente est la recette du succès. Quand j’étais en poste en Afrique, nous avons remporté des parts de marché énormes grâce à des équipes jeunes et motivées. Nous étions service-minded, tout en respectant nos prix et nos marges.

Quels étaient les grands chantiers de votre présidence?

Lors de notre présidence de 2008 à 2011, plusieurs grands chantiers étaient sur la table. La premier était évidemment le déménagement du bureau vers la rue Montoyer. Cela a fait énormément de bien à la Chambre. Un architecte a réfléchi aux espaces et à la décoration de manière intelligente. L’ambiance et les couleurs reflètent l’atmosphère africaine tout en simplicité et élégance. Les ambassadeurs ACP ne s’y sont pas trompés. Ils viennent désormais nous voir chez nous.

Le second était la création du CREAC, le Centre de Recherche et d’Excellence africaine dirigé par le Ministre d’Etat Herman De Croo, grand connaisseur (et enthousiaste) de l’Afrique centrale.

Il y eut également la consolidation au sein d’EBCAM dont le siège déménagea dans les nouveaux bureaux de la CBL-ACP et dont j’ai eu l’honneur d’assurer la présidence (rotative) il y a deux ans.

Le membership était également un point important de la présidence. Nous avons 270 membres dans notre Chambre, alors que d’autres grands pays comme l’Allemagne n’en a que 670. Cela prouve que les entreprises belges ont un intérêt prononcé pour l’Afrique.

Un autre grand chantier était la création d’un site Internet et la mise à jour quotidienne de celui-ci, afin de s’assurer le maintien de notre crédibilité. C’est un exercice permanent et il est en de bonnes mains.

N’oublions pas la régionalisation, dont nous avons déjà parlé précédemment, qui s’est globalement très bien passée. Cela a renforcé la Chambre et nous a permis d’asseoir notre position auprès des Ambassades.

Quelle est votre citation préférée, et qui résume bien votre philosophie?
« It’s never too late. » Winston Churchill – 1939

Il ne faut jamais croire qu’on n’est pas en mesure de faire quelque chose pour redresser une situation que l’on croit être sans issue. Nous avons d’excellentes compétences au sein de la Chambre. Il faut des gens charismatiques et compétents. Il y en a eu, il y en a, il y en aura….Travaillons en équipe !

[1] ndlr: les Présidents Michel Isralson (1994-1997) et Karel Buytaert (1997-1999)

[2] EBCAM: European Business Council for Africa and the Mediterranean, l’association qui représente l’ensemble du secteur privé intéressé par l’Afrique et la Méditerranée vis-à-vis de l’Union européenne