Le code Napoléon Africain

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Après avoir mis en exergue dans notre dernier numéro le Congo (République Démocratique du Congo), c’est cette fois l’autre Congo (la République du Congo) qui retient notre attention. Deux « Congo », deux pays qui tirent leur nom et leurs racines du même royaume ancestral du Congo ; deux pays dont les régions, malgré leur proximité, ont toujours possédé chacun, dans la profondeur de leurs gènes respectifs, une identité propre tant sur le plan social, culturel et même économique. Cette diversité qui se retrouve également parmi les autres régions ou nations qui forment le Continent est une des composantes essentielles de l’Afrique.

Pourtant au fil du temps beaucoup a été fait pour raboter ces différences. Déjà la Conférence de Berlin avait tenté d’uniformiser le cadre de vie des différents peuples africains qui se trouvaient, par les hasards d’un découpage géographique aléatoire, dans une même circonscription administrative. Par la suite, deux approches différentes ont essayé de mouler cette diversité de culture dans la norme coloniale : l’une en la niant par l’assimilation au système du colonisateur ; l’autre en la nivelant dans la servitude.

Et aujourd’hui, sous prétexte cosmopolite, on importe en Afrique, à de très rares exceptions près, des systèmes de gouvernance initiés sous d’autres latitudes (avec plus ou moins de succès !) afin de créer un « melting-pot » censé intégrer les individus dans un même moule.

À ce propos et en parlant de l’Afrique Noire, au risque de paraître iconoclaste, j’ai toujours éprouvé des difficultés à voir le « Code Napoléon » subrepticement intégré dans des constitutions nationales. Comme si les populations locales n’avaient pas pu vivre pendant des centaines d’années sur base de leurs propres valeurs. Je n’ai jamais compris pourquoi le patriarcat était prescrit à une société dont la base de l’organisation sociale reposait sur le matriarcat. J’ai toujours été perplexe de voir sous prétexte de démocratie, imposer comme seul système de référence des élections au suffrage (dit !) universel alors que le consensus a toujours été la référence. Je vais m’arrêter ici mais les exemples de pareilles aberrations sont légion.

Est-il nécessaire de dire que se trouvent ici les origines d’une instabilité chronique qui a engendré des crises économiques et des drames humains à répétition ? Parfois la seule évocation du mot élection sonne pour moi comme la chronique de morts annoncées. Tout cela pour dire que si l’Afrique est LE Continent qui devrait connaître un développement manifeste dans les années qui suivent, il est tout aussi évident que son approche est et restera réservée à celles et à ceux qui, respectueux de ses diversités, aborderont ce fabuleux marché en connaissance de cause.

Pour aider ses membres, la CBL met à leur disposition ses réseaux de représentants sur place mais aussi ses responsables des sections bilatérales qui mieux que quiconque sont capables de les guider dans ce dédale sinueux mais aussi très prometteur.

 

Guy Bultynck
Chairman, CBL-ACP