Congo RDC : Et maintenant ?
La RDC est confrontée à de nouveaux défis liés à d’importantes échéances électorales à venir, dans un contexte de réorganisation administrative du pays en 26 nouvelles provinces.
La RDC est le plus vaste pays d’Afrique Centrale et constitue un marché de près de 80 millions d’habitants. Elle dispose de richesses inouïes mais n’est pas encore en mesure de créer les conditions d’un développement durable, qui passe par une nécessaire diversification de son économie en la rendant moins dépendante de son activité extractive. De plus et malgré une croissance soutenue, les mécanismes ne sont pas encore mis en place pour un partage équitable des fruits de celle-ci.
Les effets de la baisse brutale du cours des matières premières illustrent les failles d’une économie exclusivement basée sur des activités de rente, trop sensibles à ces chocs exogènes.
Mais la véritable richesse d’un pays est ailleurs, elle se mesure par le nombre et la qualité de cerveaux et de compétences qu’il est en mesure de former et de préparer pour assurer son développement. L’élément moteur de l’émergence de la RDC passera par l’éducation et la formation.
Le pays a la chance de disposer d’un immense capital en eau, agriculture, forêts et tourisme permettant de nombreux axes de diversification mais ses dimensions, la faiblesse de ses infrastructures et l’importance de sa population rendent ces défis encore difficiles à relever.
La mise en place des nouvelles provinces a pour objet de rapprocher l’administration des populations. Dans cette période transitoire, les compétences de l’Etat et celles des provinces se chevauchent souvent plutôt qu’elles ne se complètent, constituant un frein, surtout en matières fiscales et parafiscales, pour le développement d’activités économiques créatrices d’emplois et de valeur ajoutée à l’intérieur du pays, dans des régions déjà pénalisées par un fort enclavement.
Il est de l’intérêt de tous que la RDC devienne une puissance régionale politiquement stable et économiquement forte. Nous devons pour cela encourager les initiatives de partenariats public-privé pour contribuer plus largement au développement de ce pays, en nous appuyant notamment sur les compétences reconnues de nos entreprises et les liens privilégiés qui unissent la Belgique à la RDC.
Malheureusement, des décisions intéressantes visant à encourager les investissements et les échanges commerciaux restent trop souvent en chantier par absence de formalisation par les autorités congolaises compétentes. A titre d’exemples, pour les sociétés belges, nous pouvons citer la Loi de protection et de promotion des investissements ainsi que la Convention Préventive de Double Imposition qui ne sont toujours pas de stricte application.
De même, certaines lois de réformes, comme celle du Code Agricole de décembre 2011, portent paradoxalement en leur sein le frein à l’investissement qu’elles ont pourtant l’objectif d’encourager.
Il est essentiel que la RDC s’emploie à créer un climat favorable aux affaires en agissant sur la gouvernance, la lutte contre la corruption, la sécurité foncière, l’accès à l’énergie et le droit des affaires. Ces conditions sont un préalable pour attirer des investisseurs d’envergure dans des domaines à forte création d’emplois.
Ces dernières années, des efforts conséquents ont été déployés par les autorités de la RDC, notamment pour un retour à la paix, même si des parties du pays restent l’objet de violences intolérables, pour l’organisation d’élections en 2006 et 2011, pour l’amélioration du cadre macroéconomique et la stabilisation de la monnaie.
De plus, la RDC, avec ses 2,3 millions de km2 et sa position géo-stratégique au cœur de l’Afrique centrale, est partenaire de la SADC, de la CEEAC et de la COMESA, ce qui en fait un carrefour incontournable pour les échanges commerciaux dans la sous-région. D’importants moyens ont ainsi été et sont, avec l’appui de partenaires extérieurs, mis en œuvre pour le développement des infrastructures et la création d’axes d’échanges tant routiers que fluviaux entre provinces et avec les pays limitrophes.
L’adhésion à l’OHADA, la mise en place de plusieurs guichets uniques dont celui pour la création d’entreprises, la libéralisation du secteur de l’électricité ainsi que celle du secteur des assurances sont également autant d’incitants pour nos entreprises à prendre le risque de « sauter le pas » en développant une activité dans cette RDC qui propose tant d’opportunités.
Nous formons le vœu que l’ensemble de la classe politique congolaise prendra soin, au cours des mois à venir, de privilégier le bien-être de sa population et son aspiration légitime à un avenir meilleur, en préservant les acquis de ces dernières années pour permettre au pays de poursuivre sa marche vers une émergence tant espérée plutôt qu’elle ne reste mirage.