Diamniadio, la Plateforme du Millénaire

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0v8a1290Désengorger Dakar et offrir au Sénégal une ville éco-responsable, durable, intelligente, connectée et affichant une mixité urbaine mêlant institutions, ministères, parc numérique, université et logements sur 2500 ha… c’est le projet de « Diamniadio ». Le nouveau projet urbain dont tout le monde parle est situé à trente kilomètres au sud-ouest de Dakar et à quinze minutes du futur nouvel aéroport international Blaise-Diagne. Dans le court terme, 300.000 habitants déposeront leurs bagages dans cette nouvelle ville, mais à terme ce sont près d’un million d’habitants qui partageront ses nombreux espaces verts et infrastructures. Découverte d’un projet hors du commun.[1]

 

Depuis plusieurs années, la capitale du Sénégal, Dakar, était devenue un véritable cauchemar pour les automobilistes. Diamniadio est un premier pas pour rationnaliser le territoire du Sénégal et mettre en oeuvre le Plan Sénégal Emergence.

«Le Pôle urbain de Diamniadio apporte un souffle nouveau à Dakar en réduisant les nombreuses pressions qui s’exercent sur elles. En d’autres termes, Diamniadio aidera Dakar à vivre mieux», selon le Président Macky Sall.

Le projet urbanistique proposé fera de Diamniadio une ville moderne tournée vers l’avenir qui mêlera espaces verts, université du futur, centre de formation professionnelle, cité administrative et parc technologique numérique. Une mixité urbanistique, clé de la réussite du projet.

La ville intègre une réponse holistique à toutes les problématiques urbaines actuelles liées au logement, aux infrastructures, à la mobilité, l’environnement… un projet qui est en phase avec son temps et qui anticipe les besoins futurs de ses habitants. Les travaux avancent plutôt bien: au centre ville, une petite centaine d’habitations sont déjà sorties de terre. Dans le court terme, ce sont 40.000 maisons et appartements de différents standings qui seront réalisés endéans les cinq ans. Au total, la ville logera 300.000 habitants dans un délai assez court, rejoignant ainsi l’un des objectifs du Plan Sénégal Emergence[2].

Les ministères gouvernementaux auront eux aussi leur place dans la nouvelle ville. Le Président Macky Sall, qui aura également une résidence présidentielle sur place, souhaite transférer certains départements dans un délai rapide de 18 mois, faisant de facto de Diamniadio une cité administrative. Les ministères seront répartis sur l’entièreté du territoire, par pôle ministériel, en respectant les impératifs de mixité sociale et urbanistique. Les pertes de temps dues aux problèmes d’engorgement se transformeront donc bientôt en mauvais souvenirs pour des milliers de membres des ministères.

A l’instar des villes modernes, Diamniadio aura également sa « City », concentrée sur un terrain de 700 hectares. Le Centre international de conférences « Abdou-Diouf  » a été inauguré en 2014, à l’occasion du XVe Sommet de la Francophonie qui s’y est tenu. Une seconde phase de travaux prévoit la construction d’un hôtel cinq étoiles, ainsi qu’une dizaine de bâtiments d’affaires et le Parc numérique technologique. Le français Atos qui a inauguré fin juin son centre régional de services numériques pour l’Afrique de l’Ouest à Dakar, s’est déjà positionné pour une installation à Diamniadio[3], où il construirait une plateforme numérique qui devrait générer 1000 emplois d’ici à trois ans.

Cette cité connectée, d’une superficie de 26 hectares, devrait également attirer d’autres sociétés nationales et multinationales à Diamniadio. Tout y a été pensé pour leur faciliter la vie. Ainsi, les centres de données, serveur « cloud », centres de formation et de développements de logiciels, e-commerce, pépinières d’entreprises, production audiovisuelle et multimédia devraient s’installer facilement dans la cité pour générer 35.000 emplois directs et 105.000 emplois indirects à l’horizon 2025.
Le projet est financé par la Banque Africaine de Développement à hauteur de 70,6 millions d’euros.

Deux plateformes industrielles pourront accueillir des centaines d’entreprises. La première d’entre elle hébergera 60 entreprises sur une superficie de 52 hectares et est presque terminée. La seconde suivra rapidement.

Le projet urbain respecte les exigences environnementales actuelles et se veut éco-responsable. La gestion et l’assainissement des déchets sont prévus, l’énergie renouvelable étant déjà utilisée dans le centre ville. Un potentiel d’affaires à réaliser pour les entreprises belges mais aussi luxembourgeoises spécialisées dans les énergies renouvelables.

Du côté des infrastructures sportives, un complexe sportif de plus de 15 000 places est en construction. De quoi ravir les futurs habitants de la ville.

Connectée, « Diamniadio » l’est à plus d’un titre. Un nouveau tronçon d’autoroute, bientôt terminé, reliera la ville au nouvel aéroport international Blaise-Diagne en seulement 15 minutes. La situation du nouveau pôle urbain est idéale ; les grands axes routiers mènent les habitants vers l’intérieur du pays (RN1 et RN2). Il faut moins de 20 minutes en voiture pour rejoindre la capitale Dakar par la nouvelle autoroute payante inaugurée en 2013, premier projet autoroutier en partenariat privé-public de la sorte au Sud du Sahara. L’autoroute de l’aéroport, quant à elle, sera également prolongée de 55 kilomètres jusqu’à Thiès via la cité balnéaire de Mbour. Sans parler évidemment du projet du TRE, le Train Régional Express, qui devrait desservir la nouvelle ville et être mis en circulation d’ici à 2019.

Afin d’anticiper tout problème de mobilité, la cité informatique gérera la domotique de la ville : trafic routier, performance énergétique et sécurité. Une centrale solaire d’une puissance de 15 Mégawatts assurera la fourniture d’ une électricité propre, tandis que la majorité des bâtiments ont été conçus pour maximaliser la chaleur naturelle et l’ergonomie des flux d’aération dans les bâtiments.

Les besoins en matériaux de construction sont assurés par une usine qui a été implantée dans un parc industriel de la ville. Elle répondra également aux besoins d’autres projets de pôles urbains tels que le Lac Rose et les villes de Thiès et Mbour.

Les développeurs du projet

Plusieurs consortiums ont été sélectionnés pour réaliser le projet. Les terrains ont été attribués à titre gracieux par les autorités sénégalaises aux investisseurs. Ces derniers devront les transformer en de beaux projets urbains qu’ils pourront ensuite vendre auprès des différents acteurs de l’économie sénégalaise.

« SénégIndia » était le premier groupe à lancer les travaux de la City dès mai 2014. Composé de la société sénégalaise Générale des Travaux Publics et de Négoce (Getran) et deux groupes indiens (Swaminarayan Vijay Carry Trade et Garasiya Farm), ils ont pour objectif de livrer d’ici fin 2019 près de 2.500 appartements et maisons économiques de moyen et haut standing. Dans un second temps, ce sont des équipements sanitaires, socioculturels et sportifs ainsi qu’un hôtel cinq étoiles qui seront au programme. Sans oublier les quelque 10.000 m2 d’espaces verts et les centres commerciaux.

A côté de SénégIndia, des terrains ont également été attribués à quatre autres groupes; Teyliom, les marocains Alliances et Médina Invest, et l’émirati Doozy Gulf Group. A leur tour également de développer la première phase du projet urbain.

Diamniadio a tout pour plaire : ville intelligente, écologique, responsable et durable. Privilégiant la fourniture et l’économie locales, tout en étant ouverte sur le monde et en faisant la part belle à la mixité sociale. Reste à espérer que le parfum de fraicheur et de printemps de Diamniadio se diffuse et se concrétise davantage afin de pérenniser la croissance de l’économie. Et qu’elle bénéficie non seulement à l’économie sénégalaise mais aussi aux résidents sénégalais.

 

Gauthier Demaret

[1] Source: Ambassade du Sénégal à Bruxelles – Banque Africaine de Développement

[2] voir notre article à ce propos, page…

[3] Sénégal, Guide Business 2016 paru dans le MOCI, n°2015 – 28 juillet 2016