L’éléphant émergent de l’Afrique de l’Ouest

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Yamoussoukro, capitale politique et administrative de la Côte d’Ivoire depuis 1983

Les perspectives économiques de la Côte d’Ivoire enthousiasment tant les agences de notation que le FMI. Pour la quatrième année de suite, l’économie affiche une belle croissance qui flirte avec les 9%. L’économie continue à être en croissance pour 2016 (8,6%) et la tendance reste stable pour les années à suivre. La stabilité politique maintenue par l’élection de 2015 qui a confirmé l’élection du Président Ouattara. Depuis 2012, le Plan National de Développement, qui à travers les Partenariats Public/Privé soutient l’économie et la croissance, visant d’ici 2020 à faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent.

Avec une population de 22,7 millions d’habitants, un revenu national brut par habitant de 1.410 dollars US, la Côte d’Ivoire est la première économie de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), dont elle représente 40% du PIB. Premier exportateur mondial de cacao et de noix de cajou, exportateur de pétrole doté d’une industrie manufacturière importante, la Côte d’Ivoire est par ailleurs la troisième puissance économique de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et la porte d’entrée sur un marché qui compte 300 millions d’habitants.

Depuis 2012, l’économie de la Côte d’Ivoire a connu une croissance intense, notamment grâce au Plan National de Développement 2012-2015, renouvelé en 2016. Bénéficiant de l’appui des partenaires au développement dont la Banque Mondiale et le FMI, elle a su poser les bases d’une croissance forte et inclusive.

Le Président Alassane Ouattara a tiré un bilan positif du PND 2012-2015. « La Côte d’Ivoire a rejoint le groupe de tête des pays à forte croissance dans le monde avec un taux moyen annuel de croissance du PIB réel d’environ 9%. Deux millions d’emplois ont été créés en deux ans, en augmentant les revenus de nos infrastructures économiques et les conditions de vie des Ivoiriens. »

Le climat de paix retrouvé, la cohésion sociale et la réconciliation sont en bonne voie. Il reste néanmoins des défis à surmonter pour réussir à atteindre l’objectif principal du PND : devenir un pays émergent en 2020.

Le bon déroulement de l’élection présidentielle d’octobre 2015 a contribué à asseoir la stabilité du pays et à garantir un cadre rassurant pour les investisseurs étrangers et nationaux. L’amélioration du climat des affaires et de l’environnement macroéconomique a facilité l’augmentation des investissements (création d’entreprises, afflux d’investissements directs étrangers) ainsi que le développement des partenariats public-privé (PPP).

Une stabilité qui encourage

La croissance économique robuste est tirée par l’agriculture, les investissements, les services et l’amélioration du climat des affaires. Les perspectives pour 2017 s’annoncent bonnes avec un taux de croissance estimé à 8,3%. Le gouvernement souhaite renforcer la croissance inclusive afin qu’elle puisse toucher les 50,3% de la population qui ne vit pas en milieu urbain.

Le Conseil d’Administration du FMI dans son rapport du mois de juin 2016 a déclaré que « Les résultats économiques enregistrés par la Côte d’Ivoire durant ces quatre dernières années ont été impressionnants. Cependant les défis subsistent. La normalisation politique, une politique budgétaire d’accompagnement et des réformes structurelles destinées à améliorer le climat des affaires ont permis un solide rebond de l’activité économique. La croissance est allée de pair avec un repli modeste de la pauvreté, mais d’autres indicateurs de développement humain ont été lents à s’améliorer. »

Des indicateurs encourageants

Le solde primaire est pratiquement à l’équilibre en 2014 et 2015 tandis que le déficit global se situe aux alentours de 3% du PIB. L’inflation pour 2015 se situait à 1,4%, les crédits au secteur privé se sont améliorés et les réserves extérieures consolidées.

Les performances du secteur primaire, secondaire et tertiaire sont à la hausse. Au niveau du primaire la production vivrière est en nette hausse, le cacao est en hausse de 9%, l’anacarde (noix de cajou) de 25,7%, le coton 9,9%, le café 20,6% et le sucre 10,4%. La hausse s’explique notamment par la hausse des prix payés aux producteurs, malgré la baisse de l’ananas, de la banane, du caoutchouc et la baisse des cours internationaux.

Le secteur secondaire voit son indice de production industrielle augmenter de 7,7% par rapport à fin juin 2015 grâce à la transformation de cacao à San-Pedro par le groupe singapourien Olam et à Abidjan par l’entreprise française Cemoi. Heineken a annoncé l’implantation d’une brasserie.

Les industries extractives affichent une hausse de 20% par rapport à 2014, tirées par le pétrole brut (26%), le gaz naturel (19,9%) et l’or (12,1%). Les hausses s’expliquent par les investissements ainsi qu’un nouveau code minier entré en fonction en mars 2014 et de nouveaux gisements à Agbaou entrés en production.

Le secteur des bâtiments et travaux publics est en plein essor avec une hausse de l’activité de 25,5% due aux chantiers de construction et de réhabilitation après une décennie de crise.
La croissance démographique, l’urbanisation et la hausse du pouvoir d’achat expliquent cette hausse. Selon le gouvernement, le déficit de logement dans le pays s’estime à 400 000 unités dont
200 000 à Abidjan.

Le secteur tertiaire affiche une belle progression, particulièrement au niveau des transports et télécommunications. Le transport aérien progresse de 22,5% en nombre de voyageurs au premier semestre 2015, plus particulièrement au sein de la CEDEAO.
Le transport aérien intérieur a été multiplié par 7 et voit le retour de 24 compagnies internationales et la desserte de 35 destinations. Le transport maritime progresse également de 11% tiré par la hausse du trafic national (1,6%) et du transit (5,7%). La prochaine extension du port d’Abidjan pour permettre l’accès aux bateaux les plus gros devrait également profiter à la croissance du secteur. Le transport terrestre progresse également de 14,6%.

Le commerce aussi profite de l’amélioration du climat des affaires et de la hausse du pouvoir d’achat avec une progression de 7,3%.

Mission FIT et 2017, année royale

Une mission menée par Flanders Invest & Trade  (FIT) du 28 août au 4 septembre 2016 sous la houlette du Ministre Ben Weyts, Ministre flamand pour la mobilité, les travaux publics, le tourisme, le bien-être animal et la périphérie a emmené 54 entreprises sur place. Ainsi plusieurs contrats ont été signés dont la mise en œuvre d’une nouvelle ligne à containers au Port de San Pedro.

De nombreuses autres opportunités existent pour les entreprises belges notamment dans les secteurs du transport maritime, aérien, routier et ferroviaire.

Les relations entre la Belgique, le Grand-Duché du Luxembourg et la Côte d’Ivoire sont au beau-fixe. Avec une mission princière au programme en octobre 2017, menée par la Princesse Astrid, aux côtés du FIT, du BIE, de l’AWEX et de la CBL-ACP, les entreprises belges présentes sur place devraient bénéficier d’un sacré boost.1

Le secteur des investissements

La politique budgétaire de la Côte d’Ivoire est marquée par l’augmentation des investissements et la prise en charge des autres besoins de développement dans un contexte post-conflit. Tant les investissements privés que publics ont connu un essor considérable. Le secteur privé a investi massivement dans le secteur minier, l’énergie et la construction.

Le Plan National de Développement 2016-2020 prévoit un niveau d’investissement global de 29 311 milliards de FCFA (44,6 milliards d’euros) dont 50% pour le privé y compris les partenariats public-privé. Le taux d’investissement devrait ainsi passer de 18,7% du PIB à 23,9% en 2020. L’inflation serait contenue à 2% en moyenne par an sur la période, en dessous de la norme communautaire de 3%. Un montant qui sera financé essentiellement par le privé mais aussi par les partenaires de la Côte d’Ivoire comme la Banque Mondiale et ses filiales, la Société financière internationale et l’Agence multilatérale de garantie des investissements à hauteur de 3 milliards de dollars. Les projets soutenus concernent les domaines de l’agriculture, l’électrification rurale, l’eau portable, la santé et la transformation du cacao et de la noix de cajou.

Des infrastructures sortent de terre

Les premiers ouvrages structurants prévus dans le cadre de l’émergence 2020 ont été livrés. Il s’agit notamment de l’autoroute du Nord ‘Singrobo-Yamoussoukro’, l’échangeur de la Riviera II, les ponts Henri Konan Bédié, de Bouaflé et de Jacqueville. Au niveau des routes, les 140 kms du tronçon Singrobo-Yamoussoukro ont été achevés ainsi que celui des 124 kms du tronçon Boundiali-
Tengrela. à Abidjan, le troisième pont Henri Konan Bédié traversant la lagune a été inauguré le 16 décembre 2014.  Au total, ce sont près de 5000 kms de pistes rurales qui ont été profilés.

Les autorités ont identifié une série de projets d’infrastructures qui seront financées par le PND 2016-2020.

Au niveau du secteur routier, les projets concernent

  • Construction d’un viaduc à double circulation partant de la cathédrale St Paul en passant au dessus de la lagune à hauteur de l’ex café de Rome pour atteindre Cocody par la corniche – 137 milliards de fcfa.
  • Prolongation de l’autoroute Abidjan-Yamoussoukro jusqu’à Bouaké. Autoroutes Abidjan Lagos, Abidjan Ouagadougou, cinquième pont d’Abidjan reliant Yopougon au Plateau

Au niveau du secteur ferroviaire, les projets suivants sont prévus

  • Voie ferrée de San Pedro-Man.
  • Tramway qui reliera Anyama à Port Bouet, cité balnéaire. Réalisé par Bouygues Construction et Keolis.

Au niveau du secteur aérien, il s’agit du projet suivant

  • Le projet de pôle urbain de l’aérocité a reçu le feu vert du gouvernement en février. Son coût sera de 1,52 milliard d’euros pour un complexe à vocation économique qui s’étalera sur une surface de 3.700 hectares. La réalisation est en cours et au total, ce sont quelque 30.000 emplois qui devraient être créés.

Au niveau du secteur maritime, ce sont des projets tels que

  • Construction du deuxième terminal à conteneurs du Port Autonome d’Abdijan – 560 milliards de fcfa, achevé en 2018.
  • Le projet de sauvegarde de la baie de Cocody ; réalisation de barrages, ouvrages hydrauliques, construction d’infrastructures routières, ouvrages de franchissements et réhabilitation de la baie.
  • Des secteurs en progression
  • D’autres avancées ont été réalisées ; l’accessibilité à l’éducation est en nette amélioration avec la construction de 9.291 salles de classe en primaire, 3.500 salles de classe en secondes et 45 collèges. Ainsi le taux brut d’admission en primaire est passé de 73,4% en 2008 à 94,7%. De nombreux hôpitaux et centres de santé ont été réhabilités et rééquipés. L’accès à l’eau potable a été amélioré par la construction de 794 pompes et 76 châteaux d’eau. Des logements sociaux sont en construction sur tout le territoire ; on compte 71 chantiers. L’électrification du pays continue avec la connexion nouvelle de 800 localités en milieu rural. L’investissement privé dans les secteurs de l’énergie et des mines, dans l’exploitation pétrolière et gazière ont fortement augmenté.

Une croissance inclusive pour le PND II

Le PND 2016-2020 a pour objectif la réalisation d’une base industrielle solide en réduisant la pauvreté et en redistribuant les fruits de la croissance. Ainsi, le plan mettra l’accent sur : l’amélioration du taux de transformation des matières premières agricoles, la diversification de l’appareil productif industriel avec la promotion d’une industrie manufacturière. L’accent sera également mis sur l’amélioration des conditions de vie en développant les infrastructures économiques de qualité.

Le PND 2016-2020 consacre l’industrie comme un des piliers de la transformation structurelle de l’économie. Il met l’accent sur :

  • La densification et la diversification de l’appareil productif industriel en capitalisant sur les avantages comparatifs de la Côte d’Ivoire.
  • L’amélioration du taux de transformation des matières premières ainsi que le développement des chaînes de valeur complètes.
  • La consolidation du développement du secteur des mines notamment à travers la simplification des procédures d’acquisition de permis, la sécurisation du cadastre minier ainsi que la facilitation du développement de la sous-traitance locale.

Si les résultats sont encourageants et laissent présager un avenir positif, le maintien d’une croissance forte, soutenable, équitable et respectueuse des droits de personnes doit pouvoir être garanti. En outre, l’image du pays doit être préservée pour un  retour de la Côte d’Ivoire dans le groupe de tête des pays en Afrique et dans le monde au niveau des meilleurs indices humains.

1 Voir notre article sur la mission du FIT